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Une baisse potentielle du prix des grains, une diminution de la production de porcs et de bœufs, en plus d’un niveau encore élevé du prix des intrants, voilà ce qu’anticipe Simon Brière, stratège principal chez R.J. O’Brien. « L’inflation devait être transitoire, mais elle n’est pas transitoire pantoute, on est encore dedans », indique-t-il, donnant en exemple la hausse du prix du carburant.
Concernant le prix des grains, il rappelle que le prix du Québec est basé sur le prix de Chicago et que le tiers de la récolte de maïs américaine est destinée à la production d’éthanol, alors que 40 % sont destinés à l’élevage et le reste, à l’exportation. « Les exportations des États-Unis sont quasiment au point mort. Et la question à se poser est : c’est quoi, la demande pour du maïs à 375 $/t? Les éleveurs ne font pas d’argent en achetant à ce prix-là. Alors, est-ce la norme, du maïs à 375 $/t ou 400 $/t? À part la guerre ou un problème météo, j’en doute. »
Il remet aussi en question la capacité du consommateur à payer toujours plus cher, ce qui pourrait laisser place à une baisse de la consommation de porcs et de bœufs sur les marchés internationaux. « On n’est cependant pas dans une situation si grave, car la planète va continuer de manger », nuance-t-il.
Une prime associée à la guerre
Les prix actuels du grain, surtout du maïs et des céréales, comprennent une prime associée à la guerre en Ukraine, qui doit être prise en considération dans la gestion du risque du producteur, dit Ramzy Yelda, analyste principal des marchés aux Producteurs de grains du Québec. « Présentement, les prix reposent bien sûr sur les fondamentaux [les stocks et la demande], mais aussi sur le contexte géopolitique. Si la guerre se termine bien en Ukraine, et que, par exemple, la récolte est bonne en Amérique du Sud, nous pourrions voir les prix du maïs chuter », indique l’analyste.
Selon lui, il serait sage de la part des producteurs de couvrir leur risque en commençant à vendre d’avance une portion de leur récolte 2023. « Je sais que certains sont réticents à le faire, car lors des deux dernières années, fermer des prix n’a pas été gagnant avec les marchés à la hausse, mais il y a une fin à tout. La question est de savoir quand [les marchés baisseront]. »
Dans ses prévisions de prix pour l’ensemble des grains, il se dit neutre à court terme, puisque les marchés sont en attentes de voir ce qui se passera sur quatre fronts, soit la récolte de soya qui débute en Amérique du Sud; les achats de maïs américains par la Chine, qui devaient décroître de 13 %, mais qui ont jusqu’à maintenant baissé de 52 %; les exportations de céréales de la Russie, qui pourraient s’ajouter, ou non, à la bonne récolte de l’Ouest canadien et à celle de l’Australie, notamment; puis l’incidence de la guerre. « L’Ukraine, qui avait pas mal disparu des marchés, est revenue à un niveau d’exportation d’avant-guerre. Le maïs, le blé, l’orge ukrainiens, ce sont des tonnages qui réapparaissent. Il faudra voir comment tout ça évolue », mentionne M. Yelda.