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L’automne, c’est la saison des premiers gels au Québec. C’est aussi celle de l’augmentation du nombre de cas de dermatites et autres infections du pied chez la vache laitière. Les producteurs sont en général sensibles au parage des onglons de leur bétail, mais gare à ceux qui négligeraient la « manucure » de leurs animaux. Les conséquences sur le rendement du troupeau peuvent se révéler nombreuses.
« Le parage des onglons, c’est un soin de base chez les vaches laitières », explique Isabelle Julien, professeure au campus de La Pocatière de l’Institut agroalimentaire du Québec (ITAQ) et spécialiste des troupeaux laitiers. « Des onglons trop longs, c’est un peu comme lorsqu’on marche avec un caillou dans la chaussure. Ça devient vite agaçant, illustre l’enseignante formée en agronomie. Quand on tarde à parer les onglons, les appuis sont différents. Ça crée des points de pression, les tissus internes du pied sont vraiment sollicités et ça devient inconfortable pour la vache. »
Le problème, c’est que l’inconfort que subit la vache s’accompagne d’effets indésirables, souligne pour sa part Jacques « Jack » Lacoursière, pareur d’onglons depuis 30 ans. « Quand une vache est en douleur, elle tombe en mode survie, précise le pareur. Elle mangera moins, et si elle n’est pas gestante, elle ne le deviendra pas. » « C’est encore plus problématique en stabulation libre que lorsque les vaches sont attachées », signale Isabelle Julien. « Comme la vache a de la misère à se déplacer, elle va se rendre moins souvent à la mangeoire, et si l’étable est robotisée en plus, elle n’ira pas se faire traire », précise-t-elle.
Une relève peu nombreuse
« Des onglons mal entretenus créent des infections qui coûtent en soin, en production de lait et en reproduction », soutient Jack Lacoursière, qui affirme ne pas être en mesure de répondre à la demande. Le Québec compterait entre 55 et 60 pareurs d’onglons, selon son estimation. Un peu moins des deux tiers feraient partie de l’Association des pareurs d’onglons du Québec. « C’est un métier difficile, souligne Isabelle Julien. Il faut travailler avec de gros animaux, et le meulage des sabots génère beaucoup de poussière. »
Rareté de main-d’œuvre ou pas, le parage d’onglons devrait se faire au moins deux fois par année. « C’est le minimum du minimum », insiste la professeure Julien.
« Nous, à l’Association, on pousse pour trois fois par année », affirme Jack Lacoursière. « Mais on se tire un peu dans le pied, reconnaît-il. On n’a déjà pas de vie à deux fois par année; imaginez si tous les producteurs passaient à trois fois… »
L’Association cherche donc des solutions pour limiter l’effet de la rareté des pareurs. « Pour les urgences, par exemple, on organise des cliniques pour montrer aux producteurs quoi faire si une vache présente un problème. Ça permet d’aller au plus pressant en attendant que le pareur se présente », illustre le pareur de la Mauricie. « Ce qu’on observe de plus en plus, souligne par ailleurs Isabelle Julien, ce sont les gros producteurs qui s’équipent et se forment pour faire le parage eux-mêmes. Ça entre dans leur routine de travail. »
Trouver le bon pareur
« La meilleure façon de trouver un bon pareur, c’est par le bouche-à-oreille », estime Jack Lacoursière. « Si je cherchais un pareur d’onglons, je commencerais par visiter l’Association des pareurs d’onglons du Québec », souligne pour sa part Isabelle Jean. « Ils organisent des formations de façon régulière pour se tenir à jour », ajoute l’enseignante, qui rappelle qu’aucune formation officielle n’existe dans ce domaine au Québec. « L’Association regroupe des pareurs certifiés. Ça, ça veut dire qu’ils ont suivi une formation à la Faculté de médecine vétérinaire de Saint-Hyacinthe. Leur formation compte deux jours de théorie, quatre heures de laboratoire, en plus d’une journée de pratique dans une ferme laitière », précise le pareur, qui vient de s’offrir quatre jours de conférence sur le sabot à Minneapolis, aux États-Unis.
Claude Fortin, collaboration spéciale