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Plusieurs ont en tête les achats de terres ou de fermes effectués par les Chinois, notamment en sols canadien et africain, afin d’assurer la subsistance de l’empire du Milieu.
Or, une compagnie québécoise entend inverser le concept, c’est-à dire distribuer des légumes asiatiques par l’entremise d’agriculteurs québécois, pour les vendre en Asie.
« Nous continuons de développer le marché asiatique d’ici, mais commençons à vendre directement en Asie. Le potentiel est immense là-bas! », affirme Julie Nichols, dont son entreprise, Organzo, distribue des légumes asiatiques québécois partout en Amérique du Nord, mais pour la première fois en Corée du Sud, où deux conteneurs ont été livrés par bateau. « Il existe une clientèle fortunée en Asie qui recherche des légumes de haute qualité. La réputation du Canada est excellente concernant la salubrité alimentaire, et c’est un aspect qui devrait nous assurer du succès là-bas », analyse-t elle. Cette agronome de formation soutient qu’en ajustant la séquence des travaux aux champs, il est possible de livrer des légumes frais, même par bateau. L’entreprise créée il y a sept ans prend considérablement d’expansion, «
Partis de rien, nous avons livré l’équivalent de 315 camions-remorques de légumes asiatiques l’an dernier », précise Mme Nichols, qui compte prochainement offrir des légumes pour les communautés indiennes.
Des danseuses japonaises en pleine campagne québécoise
Deux autobus d’Asiatiques, une troupe de danse et des centaines de visiteurs ont envahi un champ comprenant des légumes peu communs : c’était le premier Festival du daïkon, un évènement fort original qui a eu lieu le 8 septembre dernier à Sainte-Clotilde-de-Horton, au Centre-du-Québec.
Plus de 850 personnes ont foulé le champ de daïkons, de même que les parcelles de choux napas et taïwanais et autres légumes exotiques. Un succès qui dépassait évidemment les attentes des organisatrices, dont Linda Cloutier, propriétaire des lieux. Soulignons que celle-ci a dû faire preuve d’une persévérance hors du commun pour mener le projet à terme. Après avoir acheté cette terre de 40 hectares l’an dernier, elle s’est lancée dans une production maraîchère inconnue. « J’ai “cliqué” sur le daïkon pour l’exception. Mais le printemps venu, j’ai utilisé le mauvais semoir. Il aura fallu que je reprenne mes semis trois fois avant d’obtenir une bonne levée… Et il m’est arrivé un accident avec le tracteur qui m’a écrasé les deux jambes. J’ai reporté l’opération pour terminer mes cultures et organiser le Festival. Travailler avec les prothèses c’était ardu, mais tellement gratifiant de voir les légumes pousser », confie Mme Cloutier. La nature lui aura heureusement donné un sérieux coup de pouce avec cet été pluvieux, permettant finalement de produire 25 000 daïkons, de gros calibre et de bonne qualité. Pour cette enseignante en production laitière, il s’agit d’un pari audacieux, mais gagné.
Le consulat, comme par miracle
Linda Cloutier et Julie Nichols, qui possède une entreprise de distribution de légumes asiatiques, ont investi leur propre argent dans l’organisation du Festival. De fait, les appuis s’avéraient peu nombreux, et certains ne croyaient tout simplement pas au projet. C’est alors que les organisatrices ont sorti un as de leur manche, en convainquant Arai Tatsuo, le consul général du Japon, de venir à Sainte-Clotilde-de-Horton. Du coup, protocole oblige, les députés provincial et fédéral, de même que la mairesse, confirmaient leur présence au Festival… « Ce Festival constitue une bonne occasion de promouvoir la culture et l’agriculture japonaises auprès des Québécois », mentionnait M. Tatsuo à La Terre. Un concept que partageaient plusieurs personnes interrogées, dont Miyano Sakai, une Japonaise demeurant maintenant à Québec. Fait intéressant, cette dernière vient de démarrer son entreprise qui livre des dîners japonais dans différents bureaux de la vieille capitale. La ferme de Mme Cloutier, avec ses daïkons frais, pourrait devenir un fournisseur pour elle. Des Québécois « pure laine » étaient assurément de la partie, comme la famille Laroche-Manningham, de Laurierville, enchantée de découvrir de nouveaux légumes cultivés ici.
À l’honneur sous le grand chapiteau : calligraphie, bonzaïs et deux moines d’un temple zen de Montréal qui offraient des dégustations gratuites de recettes à base de daïkon. Une scène présentait les danseuses de la troupe Komachi qui en ont mis plein la vue aux visiteurs. Surtout lors de cette prestation musicale où les jeunes femmes frappaient un tambour géant avec une intensité et une agilité peu commune. « Tu dois frapper le tambour comme si après chaque coup, tu allais mourir », commente l’une d’elles. La popularité du premier Festival du daïkon rend pratiquement officielle la tenue d’une deuxième édition, en septembre 2014.
Un légume important, pour plusieurs raisons…
Le daïkon, qui signifie « grande racine », est un légume dont le goût et la texture rappellent ceux du radis. Il fait partie de la diète des Japonais depuis des générations, eux qui l’utilisent presque quotidiennement dans leurs repas. L’importance du daïkon dépasse la dimension culinaire puisqu’il symbolise traditionnellement la fertilité. D’ailleurs, la cueillette de ce légume ne passait pas inaperçue, car certaines Japonaises sur place retenaient difficilement leur enthousiasme lorsqu’elles réussissaient à extraire du sol un daïkon particulièrement volumineux!