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Alors qu’au printemps, Boulangerie St-Méthode invitait dans les médias les agriculteurs québécois à semer du blé dans leurs champs, la pression est redescendue quelque peu cet automne en raison de la perspective d’une bonne saison en 2022 au Canada même si les prix demeurent élevés par rapport à leur cours historique.
En avril, les effets d’une mauvaise récolte en 2021 couplée avec les spéculations reliées à la guerre en Ukraine ont amené le prix du blé à des prix records à plus de 600 $ la tonne, détournant ainsi une partie des récoltes destinées à l’alimentation humaine vers l’alimentation animale.
« Ça a amené des enjeux d’approvisionnement, reconnaît Robert Beauchemin, président de La Milanaise, un important producteur de farines biologiques et de produits céréaliers. Tout le monde courait après la dernière tonne de blé. Présentement, les prix demeurent élevés à environ 450 à 500 $ la tonne, ce qui est quand même loin des 280 à 300 $ la tonne qu’on connaissait. C’est plus difficile pour les boulangers, mais c’est la nouvelle réalité avec laquelle on doit vivre. »
Vice-présidente aux études économiques au Groupe AGECO, une firme spécialisée dans les secteurs de l’économie alimentaire, Catherine Brodeur estime que la question n’est pas tant la quantité de blé cultivé au Québec que celle d’où il aboutira : alimentation humaine ou animale. « Les producteurs vont aller bien entendu vers le marché le plus rémunérateur pour eux », analyse-t-elle.
Coordonnatrice chez Concertation Grains Québec (CGQ), Marlène Thiboutot rappelle que l’enjeu de l’approvisionnement en blé panifiable n’est pas nouveau. « On a une demande qui est plus grande que l’offre. C’est encore plus marqué avec l’ouverture de plusieurs boulangeries artisanales au Québec », souligne-t-elle.
CGQ avait publié un rapport à l’automne 2021 identifiant les enjeux et défis du développement de la production de blé panifiable au Québec. Un deuxième projet a été déposé au MAPAQ dont l’objectif vise cette fois-ci à développer la filière boulangère mettant en valeur les grains du Québec.
Comportant quatre volets, le plan propose de mettre en place un réseau d’expertises pour que les connaissances agronomiques soient accessibles à tous les producteurs; de démontrer la rentabilité agronomique à intégrer le blé dans les rotations de cultures; d’identifier les défis de commercialisation pour les producteurs, les centres de grains et les acheteurs; et enfin, de faire en sorte que tous les maillons de la filière travaillent ensemble pour être en mesure de répondre aux besoins des transformateurs. « Il faut que le producteur sache ce dont a besoin le transformateur », précise la coordonnatrice de CGQ.
« Il faut encourager les producteurs à introduire des petites céréales, à sortir du binôme maïs et soya, à diversifier plus leurs cultures, renchérit Robert Beauchemin. On n’inventera pas de nouveaux hectares au Québec, mais il faudrait voir comment on peut arrimer la capacité de produire avec les besoins du marché et de quelle manière les producteurs peuvent bénéficier de tout ça », conclut le président de La Milanaise.
Ce texte provient du cahier Grains publié dans La Terre de chez nous du 19 octobre 2022