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Près de Bécancour, dans le Centre-du-Québec, la récolte d’un soya très hâtif a donné d’excellents résultats, dit l’agronome et agriculteur Alexandre Couture. « C’est une terre à haut potentiel. Le rendement se situait à près de 4,3 tonnes à l’hectare (t/ha). Le soya était prêt le 8 septembre, et on l’a récolté le 10. On voulait du très hâtif, car on semait du blé d’automne », indique-t-il. L’agronome résume le début de la récolte de soya assez catégoriquement : « On a des champs où on va avoir des super rendements et d’autres où ce sera assez médiocre. Selon le type de sol et la gestion des insectes, ce sera toute ou pantoute cette année », prévoit-il.
À Rougemont, en Montérégie, Daniel Dutilly et son fils ont commencé leur récolte de soya avec un résultat assez moyen d’environ 2,5 t/ha. Le producteur s’y attendait. « Le mois d’août a été très sec. Le soya a été affecté par les températures chaudes. Tu prends une poignée et il y a beaucoup de grains avortés. Aussi, beaucoup de gousses avec seulement deux grains. Mais il faut dire que ce résultat était dans une terre louée, et les terres louées manquent parfois d’amour », nuance-t-il.
L’agriculteur qui cultive près de 90 hectares de soya s’attend à mieux dans ses autres champs, c’est-à-dire près de 4 t/ha. Rien cependant pour éclipser son record de l’an dernier, de 5 t/ha. Avec un prix de près de 750 $/t pour livraison en hiver, la récolte 2022 de soya fait sonner la caisse. « Il rentre de l’argent comme il n’en a jamais rentré, mais il en sort comme jamais. L’engrais a monté, la machinerie a augmenté de 40 %. Les marges sont hautes », dit M. Dutilly.
Variabilité plus élevée
Chez Prograin, l’un des principaux acheteurs de soya non génétiquement modifié, le vice-président aux ventes et marketing, Alexandre Beaudoin, parle d’une récolte 2022 qui sera dans la moyenne des dernières années au Québec. À la différence que la variabilité sera plus grande qu’à la normale, anticipe-t-il. « Il y a eu une énorme pression de pucerons cette année, par endroits. Les producteurs qui n’ont pas trop regardé ça pourraient avoir d’importantes répercussions », note-t-il.
Alexandre Couture, propriétaire de l’entreprise agronomique Agro-Service, précise que le puceron est un facteur « clairement significatif » cette année. « Il y a eu des champs avec des populations de plus de 1 000 pucerons par plant. » D’autres insectes se sont mêlés de la partie et ont entraîné une baisse de productivité des plants de soya, spécifie M. Couture.
Le type de sol, les loams sableux par exemple, pourrait engendrer de la déception chez certains producteurs susceptibles d’obtenir un rendement de moins de 2,5 t/ha. Dans les sols plus lourds et fertiles, les rendements pourraient dépasser les 5 t/ha. L’agronome remarque que le choix de l’espacement des semis fait une différence. « Avec le printemps plus froid, le développement végétatif du soya a été moindre dans plusieurs cas. Les producteurs qui ont semé avec un espacement de 15 pouces ou en rangs jumelés seront avantagés comparativement à ceux qui ont semé aux 30 pouces. »
Le soya transgénique préféré au IP Les producteurs de grains ont délaissé davantage le soya non génétiquement modifié destiné à l’alimentation humaine cette année pour plutôt cultiver du soya transgénique, une situation qui fait manquer des occasions d’affaires aux commerçants comme Prograin. « On subit les contrecoups d’une baisse des acrages de soya IP. Malheureusement, on doit faire avec, et gérer les volumes qu’on a », dit Alexandre Beaudoin, vice-président aux ventes et marketing de Prograin. Selon lui, des producteurs ont préféré opter pour du soya transgénique afin d’utiliser avec moins de contraintes certains types d’herbicides. Aussi, dans un contexte de prix élevés pour le soya en général, certains producteurs n’ont pas été attirés par les primes offertes spécifiquement pour cultiver du soya destiné à l’alimentation humaine. Alexandre Beaudoin estime que 75 % des superficies de soya sont transgéniques cette année au Québec. Par comparaison, le gouvernement du Québec écrivait dans un portrait et diagnostic sectoriel que, durant la période 2014 à 2018, le soya génétiquement modifié occupait 63 % des superficies. Prograin tentera d’améliorer ses incitatifs afin de regagner un plus grand approvisionnement de soya non génétiquement modifié, car les occasions d’affaires sont là, notamment en Thaïlande, en Europe, en Chine, et en Amérique du Nord. |