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Si la sécheresse qui sévit dans l’Ouest américain rend les récoltes maraîchères difficiles là-bas, elle crée des occasions d’affaires rarement observées pour des producteurs du Québec qui exportent des légumes au-delà de la frontière. La demande et les prix pour les oignons espagnols de très gros calibre aux États-Unis, par exemple, ont bondi ces dernières semaines.
« Notre compréhension, c’est que les trois plus grands États de production d’oignons, Washington, l’Oregon et l’Idaho, ont vraiment une mauvaise année pour la croissance. Normalement, ils font des oignons vraiment gros pour la transformation, mais là, ils sont plus petits et tardifs », explique Marc-André Van Winden, producteur à Napierville, en Montérégie. Six hectares de ses superficies d’oignons sont consacrés au calibre colossal, soit le plus gros format.
« C’est plutôt marginal comme production. On en fait peu de ce format-là au Québec, parce que c’est plus d’ouvrage et qu’il y a plus de possibilités de pertes. Mais ceux qui en font cette année ont bien frappé; ça se vend 50 à 60 % plus cher qu’à l’habitude », ajoute celui qui vend ses récoltes au Groupe Vegco, à Sherrington, dont il est actionnaire avec 11 autres producteurs. Ensemble, ils regroupent leur offre d’oignons, en partie distribuée aux États-Unis, et tirent avantage des bons prix.
L’agroéconomiste Sébastien Brossard, qui suit les tendances de marché dans le secteur maraîcher, a d’ailleurs constaté avec surprise au début du mois de septembre que le prix de l’oignon espagnol de calibre colossal était passé de 25 $ le sac de 50 livres à 30 $ en quelques jours à la Place des producteurs de Montréal, soit la référence pour le marché de gros des fruits et légumes dans l’est du Canada. « J’ai rarement vu des prix comme ça en septembre pour l’oignon espagnol de calibre colossal. D’habitude, au fil des semaines, le prix baisse pour ce produit. Mais là, la demande américaine est tellement grande qu’il prend de la valeur. Et je pense que la tendance va se maintenir », estime-t-il.
La demande générale et les prix pour tous les autres formats d’oignons sont eux aussi intéressants actuellement, constate Marc-André Van Winden. Il explique que les États de Washington, de l’Oregon et de l’Idaho, qui produisent 80 % des oignons aux États-Unis, dictent l’ensemble du marché nord-américain et que des retards de croissance là-bas sont observés dans tous les calibres, réduisant l’offre sur les marchés des grossistes et propulsant les prix vers le haut.
D’autres productions avantagées par les sécheresses Depuis quelques semaines, des producteurs d’oignons verts et de laitues tirent également profit d’une forte demande aux États-Unis découlant de la sécheresse en Californie et au Mexique. Daniel Guinois, producteur d’oignons verts à Sainte-Clotilde, en Montérégie, estime par exemple obtenir des prix 40 % plus élevés qu’à l’habitude pour l’exportation de ses légumes. Les expéditions de fraises en provenance de la Californie vers d’autres marchés, notamment celui du Québec, sont par ailleurs en baisse par rapport à l’an dernier, note l’agroéconomiste Sébastien Brossard. Les producteurs locaux disposent donc de plus d’espace sur les étalages et de prix compétitifs par rapport aux fruits de la Californie qui, moins nombreux, se vendent plus cher. |