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Le plan fédéral de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) provenant des engrais azotés a fait jaillir des inquiétudes chez les producteurs de grains au cours des dernières semaines.
Alors que se sont conclues à la fin août des consultations publiques en ligne sur ce projet initialement annoncé en mars 2022, certaines voix se sont élevées pour critiquer la cible fixée par le gouvernement, qui vise une réduction de 30 % des GES liés aux engrais d’ici 2030. C’est le cas notamment des regroupements de producteurs de grains du Québec et du Canada, qui ont déposé un mémoire dans le cadre des consultations publiques, et qui jugent la cible trop ambitieuse dans les délais fixés. « Pour notre part, ça nous est difficile d’y croire. On regrette d’ailleurs que le gouvernement ait tenu des consultations sur les moyens qui seront mis en place pour parvenir à cet objectif, mais qu’ils ne nous aient jamais consultés pour établir cette cible », a fait valoir Benoit Legault, directeur général des Producteurs de grains du Québec, en entrevue avec La Terre.
En se référant à un rapport qu’il a produit, Fertilisants Canada, un regroupement de fabricants et de distributeurs d’engrais, remet également en question la cible fédérale. Selon le regroupement, l’approche « 4 B » préconisée par le gouvernement pour arriver à son objectif (voir l’encadré) pourrait plutôt permettre de réduire de 14 % les émissions de GES d’ici 2030 sans porter atteinte à la sûreté alimentaire », a plaidé l’organisation dans un communiqué le 7 septembre.
La ministre surprise
Ces réactions survenant plusieurs mois après l’annonce du plan ont surpris la ministre de l’Agriculture, Marie-Claude Bibeau. Par la voix de son attachée de presse, Marianne Dandurand, elle a rectifié certaines « rumeurs » laissant entendre que cette cible pourrait devenir obligatoire. « Ce n’est pas notre intention », a indiqué l’attachée.
Celle-ci a également tenu à préciser que l’objectif n’est pas d’imposer une réduction des engrais, mais bien de favoriser un meilleur usage de ceux-ci pour réduire les émissions de GES, sans nuire aux rendements. « Avec la hausse des coûts des fertilisants, les agriculteurs utilisent déjà différentes méthodes pour tirer le meilleur potentiel des engrais. Nous avons un budget de 1,5 G$ pour soutenir la recherche et la transmission des connaissances afin de les aider à aller encore plus loin », a ajouté Mme Dandurand.
Benoit Legault reconnaît que la réduction des GES n’est pas contraire aux objectifs des producteurs de grains, tant du Québec que des autres provinces canadiennes. « Plusieurs producteurs ont déjà modifié leurs pratiques en ce sens, autant avec l’approche “4 B” qu’avec d’autres méthodes comme les cultures de couverture, le choix des semences ou le travail et la santé des sols », a-t-il énuméré. Il considère néanmoins que pour pousser ces méthodes encore plus loin, autant sur le plan de la recherche que dans leur application sur le terrain, il y a encore beaucoup de travail à faire et que l’aide annoncée par Ottawa n’est pas suffisante pour toucher la cible dans les délais.
D’autres consultations sur ce plan se tiendront dans les prochains mois, a souligné le cabinet de la ministre, qui a précisé ne pas être fermé à porter des améliorations au plan. Celui-ci s’inscrit dans le vaste Plan climatique renforcé du Canada, qui vise la carboneutralité en 2050 pour différents secteurs d’activités.
L’approche « 4 B » Pour atteindre sa cible, le gouvernement fédéral mise sur diverses méthodes, dont l’approche « 4 B », qui consiste à appliquer la bonne source d’engrais, la bonne dose, au bon moment et au bon endroit. Selon Ottawa, cette méthode aurait déjà montré des résultats prometteurs pour réduire considérablement les émissions liées aux engrais tout en maintenant ou en améliorant le rendement des cultures. |