Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Des cultures de concombres et de courges sont très durement frappées cette saison par des populations élevées de pucerons porteurs de virus qui ont infecté les plants, altérant parfois la qualité des produits. De nombreux producteurs rapportent des dommages importants.
Les récoltes de concombres destinés à la transformation, par exemple, sont sévèrement touchées. Des 11 agriculteurs qui s’adonnent à cette culture au Québec, six ont été contraints d’abandonner leurs champs dans les dernières semaines. « Moi et mon père, ça fait 40 ans qu’on fait ça. On n’a jamais vu ça », laisse tomber Jonathan St-Onge, important producteur de concombres servant à la fabrication de cornichons en pots, à Saint-Robert, en Montérégie. Après seulement trois semaines de récoltes, alors qu’il avait déboursé 45 000 $ pour faire venir ses travailleurs étrangers, il a dû mettre un terme à sa saison abruptement, au début du mois d’août, parce que ses plants « étaient morts » et que ses produits ne répondaient plus aux standards de qualité des acheteurs. « Je suis un des gros [dans le concombre de transformation]. Je cultive 130 acres et tous mes champs ont été abandonnés. Je n’ai même pas livré la moitié de mes contrats », se désole-t-il.
Myriam Gagnon, conseillère au développement et à la recherche aux Producteurs de légumes de transformation du Québec (PLTQ), explique que les populations élevées de pucerons du soya cette année ont favorisé la migration d’une plus forte proportion vers d’autres champs pour se nourrir. Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) précise que ces pucerons sont parfois porteurs de virus, dont le virus de la mosaïque du concombre et qu’ils peuvent les transmettre aux cucurbitacées. Une fois les plantes infectées, il n’existe aucun traitement curatif. Dans le concombre de transformation, souligne Mme Gagnon, les symptômes varient et sont difficiles à identifier au début. Sur les feuilles, des jaunissements suivis de brunissements peuvent, par exemple, être observés. Les fruits sont parfois bosselés et présentent des variations de coloration.
Plusieurs autres producteurs touchés
En date du 24 août, le RAP rapportait « d’importants foyers de plants virosés », c’est-à-dire atteints de virus, dans certaines productions de courgettes, de melons brodés, de courges d’hiver et de citrouilles, à Laval, dans Lanaudière et en Montérégie. Dans certains cas, plus de 80 % des plants d’un même champ présentaient des symptômes.
Après un appel à tous lancé à ses membres pour évaluer l’ampleur des dégâts, l’Association des producteurs maraîchers du Québec (APMQ) juge que le problème n’est « pas anecdotique ». Des 71 producteurs qui ont été joints, 37 % ont signalé des dommages dus à un virus, dont le virus de la mosaïque du concombre. Les principales cultures affectées sont celles du concombre et des courges d’été et d’hiver. En moyenne, 40 % des superficies des producteurs touchés ont subi des dommages. Certains chiffrent les dégâts à des centaines de milliers de dollars.
65 % des contrats remplis
L’un des deux principaux transformateurs de concombres dans la province, Les Aliments Whyte’s, ne s’attend à recevoir que 65 % de ses contrats d’approvisionnement au Québec cette saison. Le 18 août, il s’est résigné à mettre un terme à la production des cinq fermes de Lanaudière avec lesquelles il fait affaire. En Montérégie, l’un de ses fournisseurs, Jonathan St-Onge, avait déjà arrêté un peu plus tôt. Un seul autre, qui n’était pas affecté, produisait encore pour le fabricant de pot de cornichons, en date du 25 août.
« Ça fait 30 ans que j’achète des concombres et c’est la première fois que je vis ça […] Ça fait mal au cœur de jeter du stock », témoigne le vice-président aux approvisionnements, Philippe Blondin, précisant détenir aussi des contrats en Ontario qui combleront le manque, au besoin. Des tests ont révélé que la qualité des produits était toujours altérée une fois fermentés et que le problème était généralisé. « C’est difficile à déceler de l’extérieur. C’est quand on tranchait les concombres qu’on se rendait compte que des portions étaient translucides. Après 48 h, toute la portion translucide se détériore et devient brune. »
Michel Ricard, producteur à Saint-Alexis dans Lanaudière estime être « chanceux dans sa malchance », puisqu’il avait déjà livré plus de 90 % de ses volumes attendus à l’usine d’Aliments Whyte’s de Laval, avant d’abandonner ses champs, le 18 août. « Ce qui est dommage c’est que j’aurais pu en faire plus et que d’autres acheteurs étaient intéressés. Les champs ont beaucoup produit au début. [Dès que les plantes ont été infectées], ça a été un raz-de-marée », raconte-t-il.
L’APMQ, les PLTQ, le ministère québécois de l’Agriculture et la Financière agricole du Québec travaillent de concert pour informer les intervenants et documenter le phénomène afin de trouver des solutions.