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La Ferme R.P., de Notre-Dame-du-Bon-Conseil dans le Centre-du-Québec, a engagé une poursuite en dommages et intérêts de près de 56 000 $ contre le service de transport Sodex Transport, opéré par la Ferme Girobrie.
La datation des échantillons de lait est à l’origine de ce litige entre deux des quatre exploitations qui approvisionnement la laiterie américaine Vermont Creamery (VC) en lait de chèvre depuis plus de quatre ans.
À plusieurs reprises entre l’hiver et le printemps 2021, l’analyse des échantillons de lait de la Ferme R.P. a révélé un niveau trop élevé de bactéries. Les copropriétaires Maude Caron et Réto Pfeiffer ont investigué pendant deux mois pour identifier la source du problème, sans succès. Le 19 avril 2021, la laiterie et le Vermont Department of Agriculture (VDA) ont signifié à la ferme R.P. que l’usine ne prendrait plus son lait.
Le couple s’est toutefois rendu compte que les dates inscrites sur les relevés de ramassage du transporteur ne concordaient pas avec celles inscrites sur les factures de la laiterie et a communiqué cette information à l’inspecteur chargé du dossier au VDA. Un échantillon de lait doit être analysé dans un délai maximal de 48 h suivant son prélèvement. Dans un document obtenu par La Terre au palais de justice de Victoriaville, la Ferme R.P. soutient que le transporteur datait les échantillons prélevés à la ferme avec une journée de retard, soit le lundi plutôt qu’à la date du prélèvement, le dimanche. Cela laissait croire au laboratoire qu’il avait une journée de plus pour effectuer l’analyse avant que l’échantillon ne soit périmé. « Cela faussait la computation du délai de 48 heures pour l’analyse et les tests en laboratoire n’étaient pas réalisés dans le délai imparti », affirme la plaignante.
Le 20 avril, une courte enquête effectuée par l’inspecteur du VDA a donné raison à la Ferme R.P. La laiterie a autorisé la reprise de la collecte et a demandé à la Ferme Girobrie d’inscrire la bonne date sur les échantillons.
2 423 litres jetés
Toujours selon la demande introductive d’instance déposée à la Cour du Québec, lorsque Réto Pfeiffer a contacté son transporteur Dominic Brie le lendemain pour signifier son mécontentement, ce dernier n’aurait pas toléré le reproche formulé et aurait informé son interlocuteur qu’il ne ramasserait plus de lait à sa ferme. Incapable de réorienter le lait vers une autre usine dans si un court délai, la Ferme R.P. dit avoir été contrainte de disposer de 2 423 litres de lait.
Par la suite, elle a trouvé un acheteur au Québec, mais à un prix par litre inférieur à celui offert par la laiterie du Vermont. Elle fait valoir que le service de transport opéré par la Ferme Girobrie est le seul transporteur de lait de chèvre autorisé par la VC à effectuer des livraisons en provenance du Québec.
Une mise en demeure au transporteur a permis aux deux fermes d’entamer des discussions sur la reprise du service, mais ces démarches n’ont pas abouti. Dans la foulée, la Ferme Girobrie a annoncé l’arrêt de ses activités de transport le 15 septembre 2021. « La défenderesse Girobrie n’a jamais mis fin à ses activités de transport vers les États-Unis et ne les a même pas diminuées; elle n’a fait que transférer ses activités de transport dans une nouvelle société nommée Sodex Transport, qui dessert les mêmes clients, à l’exception de la [ferme R.P.], et se rend à la Laiterie VC sur une base régulière pour y livrer le lait de chèvre de ses clients », affirme la poursuite.
En date du 30 juin, la ferme R.P. évalue ses pertes à 55 722 $ et réclame cette somme à la Ferme Girobrie. Aucune date d’audience n’a été fixée pour l’instant. Ni la ferme Girobrie ni la Ferme R.P. n’ont répondu aux demandes d’entrevues de La Terre.