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Les sanctions tarifaires de 35 % sur les importations d’engrais russes au Canada font mal aux producteurs agricoles depuis le mois de mars. Toutefois, par solidarité envers le peuple ukrainien, l’un de ses principaux importateurs dans l’est du pays, Sollio Groupe Coopératif, a récemment refusé une proposition de ses fournisseurs d’engrais russes d’assumer financièrement la hausse de 35 %.
« Certains fabricants russes qui nous ont approchés en disant qu’étant donné que les produits russes ne sont pas bannis au Canada, ils seraient prêts à assumer le 35 % et nous livrer, a expliqué le président de Sollio Groupe Coopératif, Ghislain Gervais. Nous, on a pris l’engagement de ne pas s’approvisionner du côté russe, mais ce ne sont pas tous les joueurs qui ont pris cet engagement-là et, malheureusement, ça fera en sorte qu’il pourrait y avoir une iniquité envers les distributeurs et producteurs agricoles de l’est du Canada pour la prochaine année. »
Depuis plusieurs mois, l’industrie réclame une aide financière au gouvernement Trudeau pour amoindrir les contrecoups des tarifs douaniers imposés à la Russie dans la foulée de l’invasion de l’Ukraine. En marge de la Conférence annuelle des ministres de l’Agriculture, qui s’est tenue du 20 au 22 juillet à Saskatoon, les groupes agricoles et l’industrie des engrais ont réitéré cette demande et ont également souhaité savoir à quoi s’en tenir durant la prochaine année. « Est-ce que le tarif sera encore là? On ne sait pas; on est dans le néant présentement et on sait que les décisions quant au réapprovisionnement pour l’année 2023 vont se prendre dans les prochaines semaines et prochains mois », indique M. Gervais.
L’Est canadien a importé près de 700 000 tonnes d’engrais azotés en provenance de Russie en 2021, ce qui représente entre 85 et 90 % de l’ensemble des engrais azotés utilisés sur ce territoire. L’Ouest canadien en produit également, mais Ghislain Gervais soutient que les voies ferroviaires n’ont pas la capacité d’approvisionner le pays entier. « Il n’y aurait pas assez de trains disponibles pour approvisionner l’est du Canada et, aussi, les engrais fabriqués dans l’ouest sont utilisés dans l’ouest et vendus en grande partie aux États-Unis. Le peu de transport par train fait en sorte que [les prix de] ces engrais sont non compétitifs », dit-il. Sollio a entamé des démarches auprès d’autres pays fournisseurs d’engrais comme le Maroc, l’Égypte ou la Chine, mais les procédures sont complexes et ne sont pas gage de bons prix et de qualité.
Interrogé par La Terre, le cabinet de la ministre fédérale de l’Agriculture a réaffirmé sa position défendue lors de l’étude des crédits budgétaires en mai, soit que la ministre Marie-Claude Bibeau a apporté des modifications au Programme de paiement anticipé afin d’accroître les liquidités des producteurs dans les fermes. Pour le président des Producteurs de grains du Québec, Christian Overbeek, c’est loin de combler l’écart occasionné par les sanctions tarifaires, alors qu’aucun autre pays du G7 n’impose de tels tarifs sur les fertilisants. « Si les autres pays continuent à en importer à prix moindre que le coût proposé aux producteurs canadiens, ça nous met en désavantage de compétitivité à court terme, mais aussi à moyen et long terme dans un contexte où les agriculteurs canadiens veulent participer à la course contre la pénurie alimentaire mondiale », fait valoir M. Overbeek.