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La première coupe de foin tire à sa fin dans la majorité des régions du Québec. Les producteurs qualifient les rendements d’abondants. Toutefois, la pluie a amoindri la qualité des récoltes.
Après plusieurs années de sécheresse, les producteurs du Bas-Saint-Laurent peinent à croire aux rendements abondants qu’ils obtiennent, indique le président de la fédération régionale de l’Union des producteurs agricoles, Gilbert Marquis. « Il y a plusieurs producteurs qui vont en laisser dans le champ après la première coupe. J’entends dire qu’ils veulent le donner à l’un et à l’autre, mais les producteurs en ont tous en masse. Je ne pensais jamais devoir dire ça après les années de sécheresses qu’on a vécu », dit-il. La qualité n’est toutefois pas au rendez-vous en raison du temps froid et pluvieux des derniers mois.
Le conseiller régional en grandes cultures du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, Ayitre Akpakouma, a constaté que la pluie a empêché les producteurs d’entrer dans les champs au moment où la maturité des plants était optimale pour la récolte. « J’ai visité deux champs dans le secteur de Saint-Denis : un champ dans lequel le producteur a réussi à faucher tôt, donc la deuxième coupe approche, alors que dans un autre champ, à 3 km, le producteur vient de ramasser son foin de première coupe », raconte ce dernier. Il souligne que le phénomène est provincial et que conséquemment, la deuxième coupe s’effectuera de façon disparate dans la province.
Dans le secteur de Sherrington, en Montérégie, rien n’est bon, sauf le rendement, indique le producteur laitier Yves Vandertol. L’homme a fait sa première coupe en deux étapes. « Avant la période pluvieuse, c’est sorti bien correct. La qualité était là, le rendement aussi, mais on a été obligé d’attendre pour la deuxième partie. On a terminé le 4 juillet et la qualité n’est pas là », affirme-t-il. Ce dernier évalue pouvoir nourrir ses vaches en lactation durant cinq mois, mais la récolte tardive servira plutôt à l’alimentation des taures et des vaches taries.
Une représentante de Semican en Montérégie et en Chaudière-Appalaches, Roselyne Gobeil, constate qu’à travers la province, le foin de la première coupe est plus fibreux qu’à l’habitude et sera moins appétent pour les vaches. Les analyses démontrent par contre un bon apport en protéines.
En Estrie, Aimé Rivard a terminé sa première coupe le 12 juillet, mais il se désole de voir l’abondance de foin sur le marché de la vente faire diminuer les prix. « Ce que je vois sur le marché, c’est du foin au rabais, qui se vend à un prix en dessous des coûts de production », soutient-il. Selon lui, le juste prix pour les plus petites des grosses balles carrées serait de 45 $/balle, tandis qu’elles se vendent actuellement 35 $/balle sur le marché québécois. Le producteur va entreposer ses balles de foin en espérant pouvoir obtenir un meilleur prix dans les prochains mois.
En Mauricie et dans Lanaudière, le président du Conseil québécois des plantes fourragères, Alphonse Pittet, juge la saison difficile pour le foin de commerce. « Le beau foin sec, vert, sans poussière, c’est un enjeu de l’avoir cette année, dans ma région », constate-t-il.
Une 2e coupe disparate
Si la majorité des producteurs interviewés par La Terre à la mi-juillet s’apprêtaient à entamer la deuxième coupe, les experts constatent qu’elle s’effectuera de façon disparate dans la province, en raison des récoltes tardives de la première coupe par endroits. « En Mauricie, certains producteurs de lait ont déjà commencé, mais évidemment, c’est pour de l’ensilage. Malheureusement, dans certaines parties de la région, le sol est encore détrempé et on risque d’avoir les mêmes conditions qu’en première coupe, c’est-à-dire une circulation difficile dans les champs, de la compaction, jusqu’à carrément faire des ornières [des traces de roues dans la terre], ce qui est vraiment négatif pour les belles prairies », explique Alphonse Pittet. En Montérégie, la météo laisse présager une température idéale pour entrer dans le champ, et la qualité semble au rendez-vous, indique Yves Vandertol.