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Le prix du propane, qui subit les soubresauts d’une inflation record de tous les secteurs de l’économie, continue de préoccuper la filière bovine. L’enjeu est le même partout : comment contrôler les frais d’exploitation sans lésiner sur la qualité de production? Deux producteurs de veaux de grain et grandes cultures du Saguenay ont relevé le défi de réduire leur consommation énergétique tout en maximisant l’efficacité.
C’est en se penchant sur les chiffres qu’Émilie Girard et Patrice Delaunière, propriétaires de la Ferme Magi S.E.N.C., ont compris que leur vieux système de ventilation plombait leurs indices de rendement. « Dans les analyses comparatives par rapport aux producteurs de secteurs similaires, on constatait que nos coûts étaient plus élevés », explique Patrice Delaunière. « Notre système désuet était non seulement moins performant, mais les pièces de remplacement devenaient de plus en plus difficiles à trouver », ajoute Émilie Girard. Ce qui était a priori une mise à niveau du système de ventilation a ouvert la voie vers un nouveau mode de gestion d’entreprise où fonctionnalité et économies multisectorielles engendrent des résultats surprenants.
Contrôler le climat
Dans les bâtiments d’élevage, l’évacuation de l’air vicié représente une perte de chaleur importante par temps froid. C’est d’abord à ce niveau qu’un bon système de ventilation permet de réduire la consommation d’énergie. À la Ferme Magi, l’appareil se déploie sur trois bâtiments ventilés indépendamment les uns des autres. « Un ordinateur central contrôle les entrées et sorties d’air des bâtiments en fonction de paramètres qui sont spécifiques à chacun. Il s’ajuste automatiquement au niveau d’humidité et de température d’air capté », résume la productrice.
« Le concept fonctionne par la régulation de la pression statique de l’humidité et de l’air, explique Sylvain Perron, représentant technique chez Monitrol et conseiller en ventilation pour la Ferme Magi. La chaleur et l’humidité produites par les animaux montent et longent le plafond, où elles se mêlent à l’air frais intégré de l’extérieur. Ce mélange entre le chaud et le froid vient en quelque sorte “préchauffer” l’air. On prévient le choc thermique de l’air froid qui descend directement sur les animaux, ce qui influence du même coup la consommation de propane », précise le spécialiste, qui cumule quelque 35 années d’expérience dans le domaine agricole. « Beaucoup de producteurs sont réticents à l’idée de laisser entrer de l’air en période hivernale. Mais c’est cette équation basée sur le contrôle de la circulation de l’air, dont on augmente ou diminue la vitesse selon le contexte, la longueur du bâtiment et les équipements en place, qui fait toute l’efficacité du concept », ajoute-t-il.
Des avantages économiques et logistiques
Outre une meilleure performance écoénergétique, la gestion automatisée des conditions d’élevage comporte des bénéfices dérivés fort appréciables au quotidien. « Le système est informatisé, intelligent, évolutif et facile à comprendre, commente Patrice Delaunière. Avant, on constatait les problèmes potentiels seulement lorsqu’on se trouvait physiquement dans le bâtiment. La fenêtre d’intervention était donc limitée à quelques heures dans la journée. Tandis que le système, lui, est toujours en service. Il fournit des données en temps réel pour tous nos secteurs. On reçoit des alarmes sur le téléphone : on peut réagir immédiatement et changer les paramètres à distance. »
Ces données accessibles en permanence par le biais du serveur infonuagique de l’appareil apportent de précieuses indications sur les facteurs ventilation, chauffage, humidité, pression statique, CO2, etc., qui influencent la santé et le confort des animaux. « Le producteur obtient un rapport quotidien de ce qui s’est passé dans le bâtiment au cours des 24 dernières heures. Il peut apporter les correctifs ou transmettre ces informations à son conseiller technique ou son vétérinaire. C’est un avantage majeur », ajoute Sylvain Perron. La possibilité de conserver les historiques sur plusieurs années facilite aussi la gestion des troupeaux et la communication avec différents intervenants.
La ventilation informatisée génère par ailleurs des économies à divers niveaux. « Pour notre ferme, c’est une réduction concrète de 27 % de la consommation en litres de propane pour la saison froide de janvier à mai 2022, souligne le producteur, qui s’attend aussi à une diminution des frais vétérinaires résultant de la meilleure qualité de l’air. On peut fonctionner avec moins d’effectifs, ce qui réduit la nécessité d’une main-d’œuvre déjà difficile à trouver. » Une technologie de pointe qui veille au grain signifie aussi plus de liberté et de tranquillité d’esprit. « On peut maintenant se permettre de s’éloigner un peu, visiter la parenté et les amis à l’extérieur. Ça fait du bien! » avoue le couple en riant. À l’heure actuelle, la ferme reste une entreprise familiale tissée serrée où Émilie, Patrice et leurs enfants, de même que Gervais Girard et Louise Maltais, parents d’Émilie qui sont également propriétaires, et un employé travaillent à produire 1 500 veaux par année.
Pour Émilie Girard, le constat est clair. L’optimisation logistique qui facilite les processus améliore le rendement, et l’investissement rapporte au change. « Pour nous, l’expérience est concluante. La Ferme Magi se donne l’objectif de moderniser tout ce qui peut l’être, dans toutes les facettes de ses opérations. »
Nathalie Laberge, collaboration spéciale