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MONT-LAURIER – Brian Maloney, un éleveur bovin de Thurso en Outaouais, est un passionné de pâturages depuis plus de 30 ans. Il estime que de faire paître les bêtes est le meilleur moyen de régénérer les sols, d’accommoder les producteurs et de satisfaire les consommateurs.
En quatre mois, ce sont 230 producteurs qu’il a rencontrés pour transmettre son savoir. Lorsque La Terre a assisté à la journée qu’il animait à Mont-Laurier, dans les Hautes-Laurentides, il revenait d’un périple de plus de 1 000 km en deux jours qui l’a mené en Abitibi.
La trentaine d’éleveurs rassemblés dans les champs de la Ferme Perroud, en ce vendredi matin, sont dynamiques. Les questions fusent et les producteurs répondent eux-mêmes aux interrogations de leurs confrères, ce qui motive grandement Brian Maloney à poursuivre ses efforts provinciaux de sensibilisation. « Qu’est-ce qu’on fait avec la parcelle sur laquelle les vaches viennent de paître? » « Rien! répond Brian en provoquant un rire généralisé. Quand tu as trop de temps et trop d’argent, tu passes la herse. »
Le groupe se déplace dans la parcelle des bouvillons, où le formateur explique qu’après 50 ans, le modèle conventionnel voulant que le producteur laboure, prépare la terre et sème doit changer en raison d’une fatigue de sol. Ce dernier prône notamment un retour à la simplicité avec un travail de sol et une fertilisation majoritairement effectués par les animaux et les plantes. « Depuis 50 ans, l’attention a été mise sur la partie aérienne des plantes. On a récolté et fait pousser, et on a oublié de penser aux racines, parce qu’en réalité, si on affaiblit nos racines et qu’en juillet, il y a un peu moins d’eau, ça arrête de pousser », indique le producteur. Il précise que les espèces de plantes dans les parcelles sont moins importantes que la gestion du pâturage en soi.
Après deux saisons sèches dans le secteur des Hautes-Laurentides, ce dernier a invité les producteurs à laisser, dans quelques parcelles, les herbes monter en hauteur. Cela permettra d’avoir des racines profondes et de retourner de la matière organique dans le sol. « Quand il fera chaud et sec, le sol sera couvert. C’est ça qui fait la différence. Des fois, tout est sec, mais ce champ-là sera vert encore », promet-il.
Désapprendre pour rentabiliser
Mélanie Larente et Jean-Philippe Perreault, qui intègrent la production bovine de boucherie à leur production de céréales depuis l’automne 2021 à Mont-Saint-Michel dans les Laurentides, sont surpris d’apprendre qu’ils devront appliquer l’opposé de ce qu’ils ont appris à l’école. « Cette formation est différente de ce qu’on apprend dans les classes [de technologie des productions animales] et c’est le fun de voir […] comment on peut rentabiliser un carré de terre le plus possible avec nos animaux en respectant la nature et la biodiversité. »
L’objectif de Guylain Ouellette, producteur laitier et de bovins de boucherie à Ferme-Neuve, dans les Laurentides, est d’adopter une pratique qui lui permet de réduire ses coûts de production. « Ce qui coûte cher, on essaie de moins l’utiliser, dit-il. C’est bon pour ma poche, la santé du sol et tout ce qui est autour. » De sa journée, le producteur retient comment travailler ses parcelles et semer au naturel. « J’ai été habitué avec la mécanisation, mais semer au naturel, c’est d’essayer de faire travailler les animaux à notre place », explique M. Ouellette en rapportant que dans certains pays, des agriculteurs font tenir des semences sur le dos des animaux au pâturage, qui les sèment à leur tour en marchant dans le champ.