Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Après 33 ans de carrière chez les Producteurs d’œufs d’incubation du Québec (POIQ), Pierre Belleau a pris une retraite bien méritée. Bien que l’ancien DG apprécie sa nouvelle vie, il garde un souvenir impérissable de son expérience auprès des gens de l’industrie.
C’est en 1985 que Pierre Belleau a fait ses débuts comme secrétaire au Syndicat des producteurs des œufs d’incubation du Québec (lequel changera de nom pour devenir les POIQ). Il y a ensuite été secrétaire général avant d’obtenir le poste de directeur général qu’il a occupé jusqu’à sa retraite en 2018. Et si ses 33 ans au sein des POIQ ont passé vite selon ses dires, les défis ont été nombreux.
Un poste, trois défis majeurs
Alors qu’il est entré en fonction comme secrétaire, Pierre Belleau a compris que ses compétences de gestionnaire allaient être mises à profit puisque trois grands défis l’attendaient.
« Au dire de mon prédécesseur, le Syndicat était en faillite technique; autrement dit, d’un point de vue financier, ça n’allait pas du tout et j’étais alors payé avec de l’argent emprunté », lance l’ancien DG. L’assainissement des finances est donc devenu une priorité et il a dû analyser la situation financière, le budget ainsi que voir à l’équilibre des revenus et des dépenses. Pour éviter que la situation perdure ou s’empire, quelques mois après son arrivée, le taux des contributions a été doublé et la décision, prise par le conseil d’administration, a été présentée lors d’une assemblée générale spéciale. « Ça faisait toute une entrée en matière, le nouveau qui arrivait et qui imposait une augmentation », se rappelle M. Belleau.
À cette décision s’est ajouté un second défi : réorganiser complètement l’aspect administratif, car à son arrivée, « c’était le régime de la boîte à chaussures : les documents n’étaient ni classés ni répertoriés et il fallait un temps infini pour trouver ce dont on avait besoin », se rappelle M. Belleau.
Et finalement, le troisième défi, mais non le moindre, s’est déroulé sur plusieurs années : rebâtir un lien de confiance avec les producteurs toutes catégories. « À la suite de l’émission des quotas en 1982, laquelle suivait le plan conjoint en 1981, il y avait beaucoup de frustration et de méfiance envers l’organisation et en particulier au sein des producteurs transformateurs parce qu’il y a des producteurs indépendants, c’est-à-dire [ceux qui] produisent des œufs, et il y a des producteurs qui produisent des œufs et en transforment pour obtenir des poussins. Il y avait un équilibre à trouver entre ces différents types de producteurs et il y avait de la méfiance et de la frustration qui découlaient de l’émission des quotas. Alors le plus grand défi a été de rebâtir un lien de confiance avec les producteurs toutes catégories, ce qui est essentiel au bon fonctionnement d’une organisation », affirme M. Belleau. Ensuite, il fallait savoir maintenir cette confiance…
Des réalisations qui rendent fier
Questionné sur ce qui l’a particulièrement rendu fier alors qu’il était directeur général aux POIQ, Pierre Belleau répond sans hésitation que c’est d’avoir contribué au développement d’une organisation solide, bien structurée, bien organisée et bénéficiant d’une bonne réputation tant au sein de l’Union des producteurs agricoles (UPA), de la filière agricole que des instances gouvernementales, provinciales et fédérales avec qui les POIQ avaient à traiter. « On est parti d’une petite organisation méconnue et on a réussi à la mettre sur la carte. Un autre élément dont je suis aussi très fier est d’avoir contribué, avec les administrateurs, à développer un lien de confiance fort auprès des producteurs. C’est ce qui fait que ces derniers adhéraient aux propositions qu’on leur faisait durant les assemblées et que, même s’ils n’en comprenaient pas toujours tout le menu détail, ils les soutenaient. Avec cette confiance, on a pu bâtir sur des assises solides. »
Et s’il pouvait retourner dans le temps, changerait-il quelque chose à son approche? Oui, admet-il. Il explique que bien qu’ils soient une petite organisation, les POIQ possèdent des activités aussi diversifiées que celles de la fédération des producteurs de lait ou de volailles, par exemple. « On devait gérer un plan conjoint avec contingentement, des conventions de mise en marché qui définissaient les mécanismes de négociation, les prix, le lien au niveau de l’approvisionnement par les producteurs des transformateurs; on avait un office national. Voilà le portrait de l’organisation pour laquelle je travaillais. Donc, les besoins étaient grands, mais l’organisation n’était pas suffisamment grosse pour se payer une équipe de spécialistes pour prendre en charge différentes tâches comme la comptabilité. On a fonctionné peut-être trop longtemps avec des ressources touche-à-tout. Si c’était à refaire, j’aurais fait appel à l’UPA avant. » En effet, l’UPA offre des services à ses affiliés, dont la comptabilité, la gestion de la paye, l’informatique, la gestion des ressources humaines. Dès que M. Belleau a fait appel à l’UPA pour obtenir du soutien, il a pu se consacrer davantage à la mission première des POIQ, soit la gestion du plan conjoint, la gestion de la production et la gestion des relations avec les partenaires de la filière agricole.
Ses souhaits pour l’avenir
Pour le futur des POIQ, M. Belleau souhaite que l’organisation continue à bien se faire connaître et à faire valoir son importance et ses complexités, car ce secteur demande beaucoup de planification et d’investissement. « Ce sont de longs cycles de production, donc la planification est très contraignante. Quand je suis arrivé aux POIQ, on produisait environ 100 millions d’œufs [en 2021, ce chiffre était de plus de 210 millions d’œufs d’incubation]. » Selon l’ancien DG, cette augmentation importante est due à la croissance du marché, mais aussi au fait que les POIQ ont réussi à contrôler les importations. Un autre défi brillamment relevé par le retraité et son équipe.
Quel souvenir garde-t-il de toutes ces années? « Au-delà du plaisir, je sentais que je contribuais à quelque chose. Je défendais une cause. Ensemble, les partenaires et les producteurs, on avançait, on développait. Et avec les années, je me suis attaché aux producteurs. On avait développé une relation de respect. L’organisation a été très reconnaissante de mon travail et ça, c’est gratifiant. »
Et comment fait-on la transition vers la retraite après une carrière aussi stimulante? « J’avais des intérêts autres que professionnels, alors la transition s’est faite facilement. On a déménagé de Montréal à Berthier-sur-Mer sur un terrain de 50 000 pieds carrés où je peux mettre ma passion à profit : l’horticulture ornementale et l’aménagement paysager. »
Le jeune retraité vit désormais au gré des marées, sur le bord du fleuve, où il profite de la vie et de son environnement. Entre l’horticulture, le bricolage, la randonnée et la raquette, il n’a pas le temps de s’ennuyer.
Kathleen Michaud, collaboration spéciale