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Président des Producteurs d’œufs d’incubation du Québec (POIQ) depuis 20 ans, Gyslain Loyer aime raconter qu’avant de se hisser au sommet des échelons, il a modestement commencé en bas de l’échelle.
« Avant de me lancer en agriculture en 1988 en démarrant la Ferme des Forges, j’étais dans le transport et avant ça, je gagnais mon argent comme attrapeur de poulets », dit en souriant l’aviculteur de Saint-Félix-de-Valois, dans la région de Lanaudière. Parti de zéro, donc, l’homme divise aujourd’hui son temps entre ses multiples engagements syndicaux et ses installations comprenant 15 000 poules pondeuses d’œufs d’incubation à poulet à chair et 100 000 poulettes de reproduction de type chair.
Lorsque nous l’avons rejoint, Gyslain Loyer était de retour d’une ronde de négociations de l’Organisation mondiale du commerce à Genève, en Suisse, et avant cela, d’une réunion des Producteurs d’œufs d’incubation du Canada (POIC) en Alberta où il occupe la vice-présidence. « Le goût de m’impliquer, j’ai toujours eu ça en moi. Les conditions des producteurs ne pourraient s’améliorer s’il n’y a pas personne qui est intéressé à faire ce que je fais depuis maintenant 28 ans. »
C’est en effet six ans à peine après s’être lancé en agriculture que Gyslain Loyer a participé à sa première réunion des POIC en mars 1994 comme substitut au délégué des POIQ. Il accédera même à la présidence de l’instance nationale en 2007. « J’ai toujours siégé à la table nationale comme représentant du Québec. C’est important de garder la famille reliée ensemble », explique l’aviculteur, qui peut compter sur quatre employés à temps plein pour voir aux opérations quotidiennes dans les poulaillers.
« Quand tu t’impliques comme je le fais, il faut pouvoir compter sur de bons employés et n’être jamais loin de son téléphone cellulaire », raconte celui qui a aussi trouvé le temps de faire une incursion d’une dizaine d’années en politique municipale, dont cinq à titre de maire de Saint-Félix-de-Valois. Son fils Francis travaille au sein de l’entreprise depuis trois ans. « Il s’y intéresse beaucoup et d’année en année, il en apprend de plus en plus », souligne le père, qui juge prématuré de parler de relève familiale à ce stade-ci.
Traités internationaux
Si Gyslain Loyer estime la filière des œufs d’incubation en bonne santé présentement, il considère qu’il ne faut pas pour autant baisser la garde. « À Genève, je représentais l’ensemble des producteurs, incluant les producteurs d’œufs d’incubation. C’est important d’être là, car à chaque ronde de négociation, on perdait des plumes au niveau de la gestion de l’offre. »
Le président cite en exemple les derniers traités de l’Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union européenne en 2017 et de l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP) en 2018 entre le Canada et dix pays de l’Asie Pacifique et enfin, de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) en 2021 entre le Canada, les États-Unis « Avec le PTPGP, le gouvernement a cédé 3,25 % du marché des œufs d’incubation sur 15 ans. Avec l’ACEUM, les concessions ont été moindres. Nos élus font sans doute le maximum, mais on a encore perdu indirectement des parts de marché dans cette négociations-là ».
Cette fois-ci, Gyslain Loyer semble rassuré par les échanges qu’il entretient avec les représentants du gouvernement Trudeau. « Présentement, le message qu’on reçoit, c’est qu’il n’y aura plus de pertes de marché pour la gestion de l’offre », affirme-t-il d’un ton confiant.
Favoriser la relève
Au niveau provincial, le président des POIQ était impatient de déposer en février dernier auprès de la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec (RMAAQ) un projet de modification réglementaire sur lequel son équipe a travaillé ces deux dernières années. « Notre boulot à l’interne est fait. On a consulté les producteurs et on est maintenant dans l’attente de l’acceptation de la Régie. »
Les POIQ visent par ce projet à permettre aux producteurs de plus petite taille d’accroître leur production plus rapidement, un incitatif pour qu’ils demeurent en production, selon Gyslain Loyer. Si elles sont adoptées, les modifications réglementaires instaureraient des incitatifs afin de rendre le quota et la production plus accessibles pour la relève. Enfin, le projet prévoit une uniformisation des types de quotas et l’émission de nouvelles unités de ce dernier.
Le président des POIQ est également satisfait de la façon dont les producteurs ont géré l’épidémie de grippe aviaire qui a menacé toute la filière aviaire ce printemps. « Si on fait exception de Canards du Lac Brome, on s’en est bien sortis et j’en accorde une partie du mérite à l’Équipe québécoise de contrôle des maladies avicoles. Les investissements qu’on a faits à l’intérieur de cette organisation-là que j’ai déjà présidée ont porté leurs fruits », estime Gyslain Loyer, qui rappelle aux producteurs l’importance de bien comprendre et de bien appliquer le programme de biosécurité à la ferme. « Le danger est toujours là. Il faut être aux aguets. »
Après 20 ans à la présidence des POIQ, il sent encore la confiance des membres envers leur conseil d’administration. « Cette confiance, ça facilite beaucoup notre travail. Malgré l’augmentation du prix des intrants, on a une filière en santé au Québec. On a réalisé de grandes choses dans les dernières années et je pense que l’avenir va être aussi bon que le passé », conclut Gyslain Loyer.
Gyslain Loyer en bref
•1988 : démarrage de la Ferme des Forges à Saint-Félix-de-Valois;
•1994 : débuts à l’Office canadien de commercialisation des œufs d’incubation de poulet de chair (OCCOIPC) comme substitut du représentant des POIQ.
•1995 : élu au CA des POIQ et nommé au sein du comité chargé de négocier les volumes de production et les prix;
•1998 : devient membre du comité de direction des POIQ;
• 2001 : devient président des POIQ, poste qu’il occupe encore aujourd’hui;
• 2007 à 2010 : président des Producteurs d’œufs d’incubation du Canada. Il en occupe depuis la vice-présidence;
•2010-2015 : maire de la municipalité de Saint-Félix-de-Valois.