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Les Producteurs laitiers du Québec (PLQ) veulent réduire dès le 1er août le seuil toléré chaque mois de sous-production par rapport au quota à la ferme, c’est-à-dire la plage négative de la flexibilité. Le but de la demande, qui a fait l’objet d’une audience devant la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec en avril, est d’augmenter la prévisibilité de la production collective canadienne et de l’arrimer de façon plus efficace aux besoins du marché. Certains agriculteurs néanmoins craignent des difficultés à s’adapter.
« Je ne suis pas capable de maintenir cette mesure », a notamment fait valoir Gérard Vermeulen, qui détient une petite ferme de vaches au pâturage. « La fédération sait très bien que les plus petites fermes ont une plus grande variation en pourcentage dans leur livraison de lait que les grandes fermes », a-t-il ajouté devant la Régie, signalant à titre d’exemple que deux vaches malades dans un troupeau de 25 têtes auront un impact beaucoup plus grand sur la variation de la production que dans un troupeau de 100 têtes.
Concrètement, les PLQ demandent que le seuil de sous-production soit réduit de -30 jours à -15 jours. Plus d’une dizaine d’agriculteurs ont dit craindre un manque de marge de manœuvre, en cas d’imprévus ponctuels à la ferme susceptibles de nuire à la production, tels que des problèmes de reproduction ou de maladies par exemple.
Les PLQ ont affirmé de leur côté que la régie d’élevage générale s’est améliorée avec le temps et qu’un grand nombre de producteurs ont « évolué positivement dans leur flexibilité au cours des dernières années ». Aussi, puisque la gestion s’est améliorée, la production totale varie moins selon les saisons qu’auparavant, ce qui rend la flexibilité moins cruciale qu’elle ne l’a déjà été. Une plage réduite de tolérance permettrait, dans un contexte d’importations imprévisibles et de nouveaux défis quant à la capacité de transformation, de mieux prévoir la production, selon eux.
1 700 fermes possiblement touchées
En mars 2022, on compilait environ 1 700 fermes sur 4 615 qui étaient toujours en dessous du seuil de -15. Mathieu Bérubé, dont la ferme est passée en stabulation libre l’an dernier, fait partie de ceux qui redoutent des difficultés à se conformer au nouveau barème dans les délais prescrits. « J’avais toujours une marge de -5 à +5. Avec la construction, je suis descendu à -30 et ça s’est maintenu pendant un an. On commence à rattraper, mais on ne sera pas à -15 en août. C’est plus facile de descendre que de monter », plaide-t-il.
Plusieurs agriculteurs ont d’ailleurs mentionné percevoir de l’arrogance de la part des PLQ envers les fermes qui ont du mal à se conformer. Selon un producteur, Pierre Gérard, n’importe qui peut connaître des moments plus difficiles, même les bons gestionnaires. « En 2013, mon troupeau de vaches attachées allait bien. [J’étais peut-être arrogant à cette époque-là en me disant] que celui qui ne fait pas son quota, ce n’est pas un bon gestionnaire. [Mais un jour], j’ai choisi le mauvais équipement, le mauvais robot, et le malheur a commencé », a-t-il raconté devant la Régie.
Sans s’opposer au nouveau seuil, quelques producteurs ont suggéré la mise en place d’un système transitoire permettant de s’y adapter, par exemple la possibilité de louer du quota à un confrère en cas de sous-production anticipée.
Un régisseur, Simon Trépanier, a pour sa part demandé qu’un portrait des 1 700 fermes possiblement touchées par le nouveau barème de flexibilité soit établi, à savoir si elles sont vraiment différentes de la moyenne.
Avertis depuis longtemps
Les PLQ ont de leur côté signalé que l’« outil transitionnel choisi en 2019 fut le temps » pour s’adapter. Les producteurs ont été mis au courant il y a plusieurs années que cette demande viendrait et de nombreuses communications ont été faites en ce sens.
La requête devant la Régie était toujours en évaluation au moment de mettre le journal sous presse.