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Les fermes de petite taille réclament un plan d’aide gouvernemental pour les soutenir si elles doivent suspendre leurs activités lorsqu’un site des environs est déclaré positif à la grippe aviaire.
Liette Poulin, dont l’élevage est situé à Cookshire-Eaton en Estrie, se trouve dans une telle zone de restrictions depuis qu’un petit élevage situé à moins de 10 km de sa ferme a été infecté. « Le ministère de l’Agriculture m’a informée que toute vente d’œufs incubés ou la vente de poussins étaient interdites, alors qu’il s’agit de ma principale source de revenus. Je ne peux même plus vendre les plumes », signale celle qui a génère des revenus d’environ 3 000 $ par année avec la vente de capteurs de rêves fabriqués avec les plumes de ses oiseaux. Depuis, le casse-tête des factures à payer pour nourrir son troupeau la hante, alors que la moulée est de plus en plus chère et que ses revenus, pour leur part, ont fondu à près de zéro.
« C’est comme me demander d’aller travailler tous les matins et de payer mon essence, mes vêtements, mes cotisations syndicales, mes assurances, mais sans me verser de salaire », illustre-t-elle. Elle a cogné à la porte de la ministre fédérale de l’Agriculture, Marie-Claude Bibeau, et à celle de son homologue provincial André Lamontagne pour apprendre que sa production ne répondait pas aux critères des programmes existants, adaptés aux élevages commerciaux.
Pour cette raison, le copropriétaire de la Ferme Erb, Claude Erb, qui représente des fermes de petite taille au syndicat local de l’Union des producteurs agricoles de Memphrémagog, réclame un plan d’aide pour aider les petites fermes qui se retrouvent malgré elles en zone de contrôle primaire, c’est-à-dire une zone située dans un rayon de 10 km autour d’un site où la maladie a été détectée. « Les éleveurs qui sont dans ces zones doivent mettre leur production sur pause, et tout est plus compliqué, avec notamment l’obtention obligatoire de permis pour le transport et la vente. Ça met en péril des entreprises, d’autant plus que les ventes en kiosque libre-service ne sont plus possibles [dans ces zones]. C’est une situation très angoissante et on ne peut pas prévoir combien de temps encore ça va durer », indique-t-il.
Crainte de faillite
Certains, comme Véronique Thériault, copropriétaire de la ferme ForThé, située dans un secteur voisin de la ferme de Liette Poulin, à Cookshire-Eaton en Estrie, s’inquiètent non seulement des effets dévastateurs que pourrait avoir un rechaussement des restrictions sur leurs activités, mais craignent par-dessus tout que la maladie n’atteigne leur troupeau. « Ce n’est pas comme madame ou monsieur tout le monde qui a moins de 300 poules dans son jardin et qui a un autre emploi. Si j’ai un seul poulet qui est atteint de la grippe aviaire, tout mon troupeau de 1 000 poulets y passe. Je ferai faillite, car la plus grande partie des revenus de mon entreprise repose sur cette production », confie la productrice, qui déplore elle aussi l’absence de programmes d’aide destinés aux petites entreprises agricoles comme la sienne.
Biosécurité à géométrie variable
Elle déplore par ailleurs que tous n’y mettent pas autant d’efforts, dont certains transporteurs qui, observe-t-elle, respectent avec moins d’assiduité certaines règles de base émises par l’Agence canadienne d’inspection des aliments et le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) pour les échanges et transports dans les zones primaires, comme le nettoyage obligatoire des roues de camion ou des bottes, par exemple. « J’ai fait une plainte au MAPAQ il y a deux semaines, mais rien ne semble changer », regrette-t-elle.
La productrice Liette Poulin déplore pour sa part des lacunes dans la vitesse de communication des consignes aux petits producteurs situés dans une zone primaire. « J’ai dû appeler moi-même pour savoir quoi faire exactement après avoir appris par hasard qu’un élevage à proximité était touché par la grippe aviaire », fait remarquer la productrice.