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Les médias nous rapportent le plus souvent des histoires d’horreur sur la sécheresse et les incendies qui dévastent la Californie. Mais puisque l’agriculture de cet État occupe la première place des 50 États américains en valeur, tout ne doit pas y être si catastrophique! Voici un résumé de mes observations lors d’un périple que j’y ai fait au début 2020.
La Californie, c’est le paradis de l’agriculture : du soleil, de la chaleur, une main-d’œuvre accessible, des consommateurs aisés et situés à proximité. De prime abord, il n’y manque que de l’eau.
L’agriculture de proximité
Juste au nord du pont du Golden Gate, à San Francisco, on retrouve plusieurs entreprises viticoles, laitières et maraîchères. La proximité de la ville incite la production dans les créneaux comme le biologique et la permaculture. L’eau y est très rare, ce qui favorise les productions à valeur ajoutée. Tous soignent leur image et déploient quantité d’efforts pour leur mise en marché.
Le manque d’eau cause des soucis. On cherche des solutions pour réduire l’incidence des sécheresses, comme l’adaptation des méthodes culturales (rotations, irrigation goutte à goutte et souterraine) et la recherche de variétés résistantes au manque d’eau.
L’irrigation crée l’abondance
La production dans la vallée centrale est stupéfiante. Mais sans irrigation, cette vallée serait désertique. Pour preuve, les champs irrigués sont verdoyants de cultures payantes comme les amandiers et les agrumes, alors que tout à côté, c’est le désert…
Une visite dans le district d’irrigation de Turlock est révélatrice des gigantesques efforts déployés pour irriguer les champs. Établi en 1887, ce réseau de lagunes et de canaux distribue l’eau à très faible coût sur plus de 60 000 hectares. Malgré les précipitations variables d’une année à l’autre, l’afflux dans les canaux est maintenu grâce aux immenses capacités de réserve des lacs Turlock et Don Pedro, eux-mêmes remplis par l’eau des glaciers et des montagnes situés à plus de 100 kilomètres.
L’eau coûte si peu cher que le mode d’irrigation laisse perplexe. En effet, les amandiers sont non seulement arrosés, mais bien inondés pour de courtes périodes sous plusieurs pouces d’eau, causant même des débordements sur les routes! Ce surplus d’eau, loin d’être perdu, renfloue plutôt la nappe phréatique. Tant qu’il reste des glaciers à fondre, ce système pourra continuer…
Des résidus de cultures pour les grands troupeaux
Au sud de Turlock, on retrouve plusieurs grandes fermes laitières. L’environnement socioéconomique de l’État favorise cette production, qui profite aussi de l’abondance des résidus des cultures d’amandier et des écorces d’orange qui servent à fabriquer les rations. Cela réduit les besoins en fourrages qui sont importés de l’État voisin.
Que retenir de tout cela? Quand les conditions permettent la rentabilité, tant mieux! Sinon, comme le font les producteurs au nord de San Francisco, il importe de trouver un créneau permettant d’obtenir un meilleur prix. Au Québec, il nous manque « quelques jours » de saison de croissance. Ici, c’est la nordicité qui nous distingue, alors exploitons-la!
Richard Beaulieu, enseignant au programme Gestion et technologies d’entreprise agricole au Collège d’Alma