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L’Union des producteurs agricoles (UPA) a fait parvenir une mise en demeure à la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) le 25 avril relativement à un communiqué émis par cette dernière qui modifie de manière rétroactive toutes les décisions de demandes à portée collective interdisant la construction d’une deuxième résidence sur une superficie, en zone agricole, qui bénéficie d’un droit acquis. Ce communiqué notifie par ailleurs aux municipalités régionales de comté (MRC) qu’elles peuvent maintenant en autoriser la construction.
Le document de la CPTAQ daté de juin 2021 stipule que l’interdiction de construction d’une résidence supplémentaire sur les superficies de droits acquis, c’est-à-dire où une première résidence a été bâtie avant l’entrée en vigueur de la Loi sur la protection du territoire agricole en 1978, est une condition obsolète et qu’elle est désormais « réputée non écrite dans toutes les décisions favorables où elle se trouvait ».
« On comprend pour l’avenir qu’on ne puisse plus imposer de conditions, mais ils ne peuvent pas, par voie de communiqué, dire que toutes les ententes qui ont été signées dans le passé, avec toutes les conditions contenues dans ces ententes-là, c’est considéré non-écrit », affirme le directeur général de l’UPA, Charles-Félix Ross. Son organisation soutient que la CPTAQ n’a pas le pouvoir de décider unilatéralement que la condition interdisant l’implantation de résidences supplémentaires est rétroactivement « réputée non-écrite » et qu’elle doit préalablement obtenir l’accord des parties au dossier pour pouvoir le faire.
Dans sa mise en demeure, l’UPA accorde 10 jours à la CPTAQ pour retirer le communiqué de son site Web et se rétracter quant à la levée de l’interdiction de construction de résidences supplémentaires sur des superficies de droits acquis en zone agricole, sans quoi une procédure judiciaire s’ensuivra.
Guy Lebeau a occupé pendant 23 ans la fonction de commissaire à la CPTAQ. Il a rendu les 50 premières décisions de l’organisme sur des demandes à portée collective. Consultant en zonage agricole depuis une dizaine d’années, ce dernier avait vu le communiqué sur le site de son ancien employeur lorsqu’il a été publié en juin dernier. « J’avais été surpris par la manière de faire de la Commission. Je ne suis pas surpris que l’UPA questionne la légalité de la démarche », dit-il sans vouloir se prononcer davantage.
En novembre, la MRC de Maskinongé a modifié son schéma d’aménagement pour supprimer l’interdiction de résidences supplémentaires en zone agricole, explique Charles-Félix Ross. « On conteste l’adoption de ce règlement devant la cour et on pense que la Fédération de l’UPA de la Mauricie a des bonnes chances de gagner. La fédération régionale de Lanaudière m’a informé qu’une MRC de la région voulait faire la même chose. Est-ce qu’on va avoir 10, 20, 30 ou 40 modifications réglementaires qui autorisent la construction d’une deuxième résidence? Les conséquences de ça, ce sont peut-être des centaines ou des milliers de résidences dans la zone agricole au détriment de la protection des activités agricoles. »
La CPTAQ n’a pas souhaité commenter le dossier « par respect pour le processus judiciaire en cours ».
Historique De 1978 jusqu’au tournant des années 2000, implanter une résidence en zone agricole nécessitait le dépôt d’une demande à la CPTAQ, maison par maison. Ensuite, la Loi sur la protection du territoire agricole a été modifiée pour autoriser des demandes à portée collective, c’est-à-dire d’étudier tout le territoire de la MRC en collaboration avec les municipalités, les fédérations régionales de l’UPA et la CPTAQ pour que la Commission entérine une entente consensuelle permettant ou non la construction résidentielle en zone agricole dans des secteurs spécifiques, sous certaines conditions. |