Pour ceux qui ont envie de plonger dans un roman historique solide, la romancière Micheline Bail revient avec L’embellie, suite et fin de Frontenac, dont le premier tome, La tourmente, avait impressionné. Personnage original et lettré, le gouverneur ne cache pas son goût pour les femmes. Ce qui ne l’empêche pas de travailler à ce qui deviendra la Grande Paix de Montréal de 1701, dont il a été un artisan acharné, quoique ce fut Callières qui en a recueilli les honneurs.

« Le travail de Frontenac a abouti sur ce traité qui a forgé notre identité de Québécois, affirme la romancière. La Grande Paix a permis à la Nouvelle-France de subsister jusqu’en 1760. » Passionnante incursion dans cette période de notre histoire, ce solide roman, qui ne manque pas de piquant, entraîne le lecteur à la cour de Louis XIV, chez les Outaouais, chez les Anglais. C’est à lire.

Plus près de nous, à La Tuque, à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, la belle Rose a goûté aux joies de l’amour avec un Gaspésien de passage. Qu’adviendra-t-il de Rose si son amant ne revient pas?

Quel beau roman sur l’époque de nos grands-mères ou arrière-grands-mères (selon notre âge), que cette Rose de La Tuque! Écrit sous forme le journal, le récit de Rose nous entraîne dans le Québec d’alors, en compagnie de Sarah, l’amie juive menacée, monsieur le curé, la célèbre madame McCormick, les personnages de la famille et du village, les artistes d’une époque évoquée avec beaucoup de charme. Pas si loin de nous, l’entre-deux-guerres, mais déjà révolu.

Jacques Allard, grand spécialiste de la littérature québécoise, offre pour la première fois un beau roman empreint de fraîcheur et de poésie. Rose de La Tuque, chez Hurtubise.

À signaler

La porte du ciel, Dominique Fortier, aux éditions Alto. En Louisiane, deux fillettes grandissent ensemble. Eleanor, la fille du docteur McCoy, adopte Eve, avec son teint café au lait et sa personnalité étrange. Très beau roman qui a pour cadre la Louisiane à l’époque de la guerre de Sécession. Écriture remarquable.

La Chatière, chez Québec Amérique. On aime cette façon qu’elle a d’entrer en douce dans une histoire qui ne nous lâchera plus. Romancière de séries populaires et remarquées pour la jeunesse (L’archipel des rêves, Robin Sylvestre), Véronique Drouin propose un premier roman très réussi destiné au public adulte.

Un hiver au P’tit Hippolyte. « Lu et approuvé par les itinérants », affirme l’éditeur Hurtubise en bandeau de la jaquette de ce court récit de 170 pages. À la recherche d’une précieuse paire de bas, le narrateur itinérant nous entraîne dans les bas-fonds de Montréal, l’hiver. Magnifique récit de Paul Grégoire, à la fois captivant et troublant. Un regard inconnu sur l’itinérance. Beau.