Chronique CQPF 2 mai 2022

Investir dans les équipements pour améliorer la qualité du foin

À mesure que le marché du foin de commerce prend de l’ampleur et se structure, les producteurs qui s’y lancent peaufinent leurs techniques et s’équipent d’outils plus adaptés dans le but d’améliorer la qualité du produit et de répondre aux exigences des clients.

C’est le cas de David Gouin, de la Ferme Francler, à Saint-Julien dans la région de Chaudière-Appalaches. Exploitant une ferme laitière, le producteur s’est lancé en parallèle il y a six ans dans le marché du foin de commerce. « Je me suis toujours intéressé à faire du foin sec de qualité. J’y ai vu le potentiel et on avait quelques terres disponibles », explique-t-il. La Ferme Francler produit annuellement environ 60 000 petites balles, dont 80 % sont exportées aux États-Unis par l’intermédiaire de Semican. « Année après année, on grossit tranquillement. On cultive maintenant sur près de 800 acres (324 hectares) », souligne David Gouin.

Selon le CQPF, le foin sec en petites balles carrées (18 à 25 kg) est le plus populaire pour l’exportation, surtout sur la côte est des États-Unis.
Selon le CQPF, le foin sec en petites balles carrées (18 à 25 kg) est le plus populaire pour l’exportation, surtout sur la côte est des États-Unis.

Lorsqu’il a l’occasion d’ensemencer des prairies neuves, le producteur y sème du mil et du brome, des graminées appréciées par les propriétaires américains d’écuries. Alors qu’il fait trois coupes pour son troupeau de vaches, il se limite à deux pour son foin de commerce. « Les chevaux n’aiment pas le foin trop jeune. On fait donc la première coupe un peu plus tard », dit-il.

Toujours soucieux de s’améliorer, le producteur de Saint-Julien s’est équipé d’un compteur intelligent pour suivre le rendement de ses champs. « Au moment de la coupe, j’inscris le poids de mes balles et ça me donne combien de tonnes à l’acre je récolte pour chaque prairie. Tout est consigné dans un registre. Je peux donc suivre le rendement de mes champs au fil des ans et avec mon agronome, on ajuste la fertilisation. »

David Gouin utilise également une vingtaine de sondes intelligentes pour surveiller la température de ses balles. « Quand j’engrange, je mets les sondes au hasard dans le foin. C’est toujours durant la première semaine qu’il faut prêter attention. » Grâce à une application sur son cellulaire, il peut suivre l’évolution de la température en temps réel. « Ça prend une lecture toutes les heures. Je suis chez nous et je reçois une alarme quand ça devient critique. À partir de 40 degrés Celsius, c’est la qualité qui est compromise et si ça monte plus haut, c’est dangereux pour le feu. On est équipés de séchoirs et on peut réagir quand on en a besoin. »

L’an dernier, l’occasion s’est présentée pour lui de cultiver sur 250 acres (101 hectares) supplémentaires. « Je ne pouvais refuser, mais on a terminé la récolte un peu plus tard que prévu et la qualité du foin en a souffert », explique David Gouin, qui prévoit donc utiliser cet été une seconde faucheuse et quatre presses au lieu de deux pour accélérer l’étape de la récolte. « L’objectif, c’est de faire les foins de la première coupe en trois semaines », entrevoit-il.

Exploitant une ferme laitière, David Gouin, de la Ferme Francler, s’est lancé en parallèle il y a six ans dans le marché du foin de commerce.
Exploitant une ferme laitière, David Gouin, de la Ferme Francler, s’est lancé en parallèle il y a six ans dans le marché du foin de commerce.

Le défi de l’entreposage

Le plus grand défi des producteurs de foin de commerce, c’est l’entreposage pour évidemment protéger les précieuses balles des intempéries en attendant leur expédition au sud de la frontière.

Un foin d’excellente qualité requiert un pourcentage d’humidité d’environ 12 %. Dans les prairies, les graminées ont une teneur en eau de 70 à 80 %, mais une fois la coupe effectuée et en le laissant sécher au champ de trois à quatre jours. Ce taux diminuera jusqu’à 15 à 20 % en l’absence de pluie.

« Depuis trois ans, on construit un shed par année », mentionne Valérie Poulin, de la Ferme Valbois. L’automne dernier, ils ont ajouté un troisième entrepôt (62 pieds sur 80 pieds) qui est venu s’ajouter à deux autres (60 pieds sur 100 pieds) et une ancienne grange reconvertie (55 pieds sur 120 pieds). « On a aussi quelques autres de louées situées à des endroits stratégiques. » Avec la hausse du prix des matériaux de construction, Valérie Poulin parle d’un investissement de près de 150 000 $ pour la nouvelle aire d’entreposage construite l’automne dernier. 

À la Ferme Francler, David Gouin a construit son deuxième entrepôt en 2021. D’une superficie de 80 pieds sur 160 pieds, il vient s’ajouter au premier mesurant 60 pieds sur 150 pieds. 


Ce texte a été publié dans l’édition de mai 2022 du magazine L’UtiliTerre.