Politique 21 avril 2022

L’amende pour importation illégale d’abeilles jugée insuffisante

L’amende imposée par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de ­l’Alimentation du Québec (MAPAQ) à un apiculteur qui a importé « sans autorisation » des ruches en provenance de l’Ontario il y a deux ans n’est pas assez dissuasive, estiment plusieurs apiculteurs.

Raphaël Vacher
Raphaël Vacher

L’entreprise fautive, identifiée sur le site du MAPAQ comme étant Propolis-etc., de Saint-Mathieu-de-Beloeil en Montérégie, a créé tout un émoi dans le milieu apicole en mai 2020, car les ruches importées sans inspection étaient infectées par le petit coléoptère de la ruche (PCR). Le MAPAQ avait alors entrepris un repérage de toutes les ruches vendues par l’entreprise pour freiner la propagation du PCR dans la province, laquelle était exempte du parasite depuis plusieurs années. « Ce geste a engendré énormément d’énergie et de mobilisation pour minimiser la propagation. Il a mis à risque toute l’industrie, et ça aurait pu être une catastrophe », affirme Raphaël Vacher, président des Apiculteurs et apicultrices du Québec. Il rappelle que son organisation avait pourtant demandé au MAPAQ, après l’incident, d’imposer une peine exemplaire. « Mais le montant réclamé [de 1 250 $] est si faible qu’il ne fait même pas peur », estime M. Vacher. Réuni en assemblée générale récemment, le regroupement ­québécois d’apiculteurs s’est engagé auprès de ses membres à envoyer une lettre au MAPAQ pour demander de rehausser les pénalités en cas de violation afin qu’elles soient plus dissuasives.

Le MAPAQ, de son côté, soutient avoir porté à l’attention du ministère de la Justice les facteurs aggravants présents dans ce dossier. C’est ce dernier ministère « qui est chargé de l’évaluation de la preuve, du dépôt des accusations et de la représentation du dossier devant une cour de justice », précise le porte-parole Yohan Dallaire Boily, qui ne peut toutefois pas commenter ce cas en particulier.

Des niveaux d’infestation « faibles »

La situation serait depuis revenue à la quasi-normale dans le réseau apicole du Québec, avec des niveaux d’infestation que le MAPAQ estime « faibles ».  Ce dernier affirme avoir détecté le PCR en 2021 dans un seul des 27 ruchers qui avaient été infectés en Montérégie en 2020. À ce cas s’ajoutent toutefois 11 nouveaux ruchers contaminés par le PCR pendant la saison 2021 en Montérégie ou en Estrie. « La moitié de ce nombre peut être liée à la distribution du lot contaminé, tandis que l’autre moitié des cas est, quant à elle, associée à des incursions naturelles en zone frontalière avec les États-Unis », détaille M. Dallaire Boily.

De son côté, Nicolas Tremblay, conseiller provincial en apiculture au Centre de recherche en sciences animales de Deschambault, précise que les ravages causés par l’insecte ne sont pas du même ordre que ceux du varroa ou des maladies du couvain, comme la loque américaine ou européenne. « Le PCR réduit la production [de miel], mais il entraîne rarement un problème de mortalité [des abeilles] », ­signale-t-il.