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Nous avons tous déjà vécu la frustration de constater qu’un de nos biens n’était plus complètement fonctionnel peu de temps après son acquisition ou encore de ne pouvoir corriger un problème sur quelque chose qui nous appartient. Les tracteurs, la machinerie et l’équipement utilisés en agriculture ne font pas exception à cette réalité. Les producteurs agricoles acquièrent des biens de plus en plus évolués technologiquement et sont souvent dans l’obligation de faire appel à des techniciens spécialisés lorsqu’un bris ou un fonctionnement anormal survient.
Récemment, une ferme américaine a déposé un recours collectif contre un manufacturier de machinerie agricole, alléguant justement que l’entreprise n’offrait pas les outils nécessaires pour que les propriétaires de la ferme puissent procéder eux-mêmes au diagnostic et à la réparation de leur équipement.
Ce débat n’est pas nouveau et des associations ont vu le jour pour défendre les droits des consommateurs, notamment The Repair Association, qui existe depuis 2013. En novembre 2021, le géant Apple a annoncé qu’il offrirait dorénavant le Self Service Repair, en permettant à ses clients d’avoir accès à des pièces de remplacement, à des outils et à des manuels techniques pour pouvoir réparer certains de leurs appareils électroniques eux-mêmes. Il s’agit d’une annonce somme toute inattendue et favorablement reçue de la part des associations pour les droits des consommateurs. Il y a fort à parier que les consommateurs ne décideront pas tous de réparer eux-mêmes leur appareil Apple, mais ils auront dorénavant le choix de le faire réparer par différentes entreprises de service, pas seulement par le représentant du manufacturier.
Des spécialistes compétents et indépendants
De façon réaliste, ce ne sont pas tous les consommateurs qui possèdent les compétences pour procéder au diagnostic et à l’entretien de machines technologiquement complexes. Lorsque la garantie sur les véhicules automobiles est échue, le consommateur peut se tourner vers son concessionnaire ou vers un réparateur indépendant pour les travaux à effectuer. Le cœur du débat est probablement ici. Comment s’assurer que les technologies sur les véhicules ou équipements agricoles puissent être utilisées, entretenues et diagnostiquées par des spécialistes compétents et indépendants de la marque du bien en soi? L’enjeu n’est pas seulement d’avoir le droit de réparer ses biens, mais plutôt d’avoir le choix de qui peut les réparer. Il faut que le consommateur ait accès à une offre de service diversifiée, ce qui n’est pas toujours le cas actuellement.
Nous le savons tous, les technologies évoluent extrêmement rapidement. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, les spécialistes ont de la difficulté à rester formés et informés au sujet des nouveautés. Prenons l’exemple des technologies d’agriculture de précision : parfois, le producteur se fait dire que son équipement est désuet alors qu’il pourrait possiblement être mis à jour ou optimisé par des solutions qui ne sont pas nécessairement connues des concessionnaires ou offertes par eux. Il est donc essentiel pour le producteur de poser des questions et d’avoir l’esprit critique. C’est ce que l’on tente d’enseigner à nos étudiants, tant pour les futurs producteurs que pour les futurs conseillers qui auront à offrir le soutien technique aux agriculteurs. Toutes les avancées technologiques devraient être bénéfiques, mais c’est d’abord et avant tout pour le producteur qu’elles devraient l’être!
Références :
https://apple.co/3DooeMx
https://bit.ly/3wNbSfR
Claudia Beaudry, professeure en Technologie du génie agromécanique à l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec, campus de Saint-Hyacinthe