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Si les nouvelles technologies ont engendré une quantité phénoménale de données à la ferme, leur visualisation et leur interprétation peuvent souvent s’avérer complexes. L’arrivée de l’outil numérique Horus devrait simplifier grandement cet exercice dans la production de pommes de terre.
Offert depuis peu, Horus est un outil numérique d’aide à la décision conçu pour les producteurs agricoles de cette filière et les conseillers qui souhaitent suivre l’effet des interventions agronomiques sur la performance des champs. Autrement dit, il vise à faire « parler » l’incroyable montagne de données produites par les analyses et les applications disponibles à la ferme, explique Richard Hogue, chercheur à l’IRDA et directeur du Laboratoire d’écologie microbienne.
« Les producteurs avec lesquels on travaillait déjà nous signalaient que nos analyses du microbiome généraient beaucoup de données, et que pour en faire une interprétation, il fallait les lier à des données pédologiques, agronomiques et physico-chimiques. Encore là, ils éprouvaient de la difficulté à faire interagir ces rapports avec d’autres données auxquelles ils avaient accès », mentionne-t-il.
L’équipe de Richard Hogue a fait le pari de dynamiser ses rapports en les rendant disponibles directement par l’entremise d’une application et ensuite de mettre les données de biologie en rapport avec d’autres variables (agronomiques, physico-chimiques) pour les présenter sur des cartes.
Pour relever ce défi, son équipe a collaboré avec l’équipe d’Arnaud Droit, professeur agrégé au département de médecine moléculaire à l’Université Laval et chercheur au Centre de recherche du CHU de Québec, dont les travaux portent sur la résolution des défis liés à la gestion de données massives.
Un survol de la ferme
Avec la plateforme Horus, les producteurs pourront dorénavant visualiser leurs résultats d’analyse du microbiome du sol à l’aide d’images satellites et de graphiques. « Ils verront exactement les endroits où les échantillons de sol ont été prélevés. Et selon les variables qu’ils choisissent, ils pourront consulter différents visuels qui facilitent la compréhension de la valeur de la donnée dans l’échantillon », ajoute Richard Hogue.
À partir de ces données, on peut calculer des indices biologiques de productivité, des indices de richesse microbienne et des indices de détection des principaux organismes pathogènes liés à la pomme de terre, fait valoir le chercheur. L’outil permettra également de regrouper les données issues des analyses du microbiome à celles de la physico-chimie du sol et ainsi mieux cibler les interventions agronomiques à la ferme. « Grâce à l’outil de visualisation, le producteur et son conseiller peuvent identifier rapidement les endroits où le microbiome est bénéfique à la productivité des cultures et les zones où des interventions pourraient être nécessaires pour diminuer la présence de pathogènes, comme une nouvelle régie de rotations. » Un producteur qui procède à des analyses ultérieures pourra observer via Horus la progression de ces indices selon les changements culturaux apportés.
Horus intégrera éventuellement des données d’ordre pédologique et météorologique pour établir des diagnostics encore plus complets.
Comparer ses champs et se comparer aux autres
Un des atouts du nouvel outil Horus réside dans sa grande flexibilité. Un utilisateur peut comparer une valeur actuelle avec sa moyenne des dernières années ou avec les champs partageant des caractéristiques similaires au sein de son entreprise. Il a aussi l’option d’évaluer sa performance par rapport à la moyenne des producteurs participants. Les données de chaque ferme resteront bien entendu confidentielles, précise Richard Hogue. « Horus va calculer de façon anonyme les différentes valeurs pour établir des moyennes avec lesquelles le producteur pourra se comparer, toujours dans le but d’inciter les entreprises à prendre de meilleures décisions. »
Une application ouverte
Le développement d’Horus répond également à un besoin des producteurs de pouvoir réutiliser les données générées à la ferme, ce qui n’est pas toujours possible avec certaines applications, parfois pour des motifs commerciaux. « Horus est en système ouvert, assure le chercheur. Donc le producteur peut choisir d’exporter ses données pour les retravailler par un menu facile à utiliser. Il peut aussi importer des données déjà existantes dans notre base, sous certaines conditions pour nous assurer que les informations soient fiables. »
Marche à suivre
Pour devenir utilisateur de la plateforme Horus, il faut d’abord effectuer une demande auprès de l’IRDA. Le producteur doit ensuite identifier les champs ou les zones de champ à comparer en vue de prélèvements de sol, qui se feront idéalement entre juillet et septembre. À la suite des analyses du microbiome et des paramètres physico-chimiques de sols, l’utilisateur pourra consulter directement les résultats sur la plateforme Horus, qui a déjà collecté les données d’une vingtaine de producteurs.
Richard Hogue ne cache pas son enthousiasme quant au potentiel du nouveau-né, qui pourrait être transféré à d’autres filières. Une version destinée aux grandes cultures est d’ailleurs en développement.