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Difficile de retenir les travailleurs de rang dans les régions de l’Outaouais, des Laurentides et du Témiscamingue.
Sans préciser le nombre de travailleurs de rang qui ont quitté Écoute agricole en Outaouais et dans les Laurentides en 2021, la directrice générale de l’organisme, Magali Noiseux-Laurin, confirme qu’il y a eu un taux de roulement anormalement élevé dans la dernière année. Le principal irritant était le salaire, soutient cette dernière. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, les salaires offerts par l’organisme communautaire n’étaient pas compétitifs par rapport à ceux d’autres employeurs.
Après un processus de consultation auprès des employés, une série de mesures a été mise en place pour freiner l’hémorragie. « On a fait une grille salariale, on a augmenté les salaires et on a augmenté le kilométrage qu’on remboursait », dit-elle. Mme Noiseux-Laurin ajoute que les travailleurs de rang ont un métier particulier qui demande une grande autonomie et peut parfois causer de l’isolement. « On fait des réunions d’équipe chaque semaine. On essaie d’être tissés serré malgré la distance. On a vraiment une belle cohésion d’équipe et on le met de l’avant pour que nos travailleurs de rang ne se sentent pas seuls, parce que ça peut être ça aussi le risque. Les travailleurs de rang peuvent être là parce que les producteurs se sentent isolés, mais eux aussi peuvent se sentir isolés dans leur propre travail », explique la directrice générale. L’organisme a d’ailleurs procédé à l’embauche d’une coordonnatrice clinique cet été dont le travail est entre autres d’offrir un soutien psychologique aux travailleurs de rang.
Après 11 mois à sillonner les fermes du Témiscamingue, Francis Brouillette est revenu à ses premiers amours, soit le travail de rue auprès de jeunes aux prises avec des dépendances. En lui promettant de meilleures conditions de travail, son ancien employeur l’a convaincu de revenir s’impliquer en milieu urbain. L’ex-travailleur de rang précise par contre qu’il adorait l’emploi qu’il occupait il y a quelques semaines encore. « Côté intervention, flexibilité d’horaire, tout était parfait pour moi. Ce n’était pas un enjeu d’employeur ou de clientèle, parce que je trouve que les producteurs ont une belle ouverture et quand ils lèvent la main pour demander de l’aide, ils sont en action et c’est facilitant de les aider », mentionne-t-il. Pour attirer les candidatures, la directrice du Centre de prévention du suicide du Témiscamingue, Annabelle Landry-Genesse, tente d’offrir un salaire compétitif, des vacances, un horaire flexible, le remboursement des frais de déplacement. Depuis peu, des réunions d’équipe sont organisées en partenariat avec Écoute agricole. « Les travailleurs de rang peuvent se rencontrer chaque mois et parler de leur vécu », dit-elle.
Le directeur général de l’organisme Au cœur des familles agricoles, regroupant 13 travailleurs de rang dans 9 régions du Québec, soutient que la plupart de ses intervenants psychosociaux sont en poste depuis deux ans. Selon René Beauregard, l’organisme offre une structure qui permet une rétention de la main-d’œuvre. « On a la chance d’avoir une [grande] équipe soutenue par un conseil d’administration, une direction et on a un responsable clinique, dit-il. Les travailleurs de rang peuvent échanger entre eux et s’il y en a un qui est malade, le service est quand même offert parce que ce sont les autres qui prennent la relève. » L’organisme cherche par ailleurs à pourvoir deux postes de travailleurs de rang laissés vacants pour d’autres motifs que la nature du travail, assure M. Beauregard.