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Les acériculteurs ne se sentent toujours pas écoutés aux fameuses tables de gestion intégrée des ressources et du territoire (GIRT), lesquelles doivent concilier les intérêts de tous ceux qui désirent tirer profit des forêts publiques de l’État.
Le président des Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ), Serge Beaulieu, assure que l’industrie forestière a encore le gros bout du bâton. « Avant d’arriver aux tables, l’industrie a déjà discuté avec les fonctionnaires. Tout est déjà décidé […] Ça n’amène pas de l’harmonie. Je dirais qu’à part la Capitale-Nationale, dans plusieurs régions, on a des problèmes. Il y a des accrochages assez extrêmes », indique M. Beaulieu. Ce dernier explique que dans des régions comme l’Estrie, l’érable représente 50 % du bois de feuillus disponible en forêt publique. « L’industrie met de la pression à plein pour avoir [ce peuplement d’érables] », mentionne-t-il.
Cette pression a causé des dérapages. Le représentant des acériculteurs à la Table GIRT de l’Estrie, Jonathan Blais, a même été expulsé. « On voit qu’on dérange. Ils ne veulent pas de fatigants. Ils ne veulent pas des bâtons dans les roues. Mais je voyais les derniers potentiels acéricoles s’en aller à l’abattoir… On ne va pas laisser faire ça. On a shaké le pommier. Disons que la situation s’est corsée », raconte M. Blais.
Appelée à commenter la situation, la conseillère en communication au ministère des Forêts, Dominique David, a répondu d’emblée que la Table GIRT et ses membres sont très à l’écoute des acériculteurs et que ces derniers « occupent une large part de la programmation » des Tables GIRT depuis plus de deux ans. Elle rappelle que la stratégie provinciale de développement acéricole du ministère des Forêts est en cours d’élaboration et que le ministère veillera à prendre en compte les besoins des acériculteurs de même que tous les autres membres de la table. Concernant le rejet de Jonathan Blais, elle répond que des agissements irrespectueux de sa part ont entraîné son retrait de la table.
Mais Jonathan Blais en rajoute, il dénonce le manque de transparence dans la gouvernance de la Table GIRT, alléguant même un conflit d’intérêts majeur, comme quoi la coordonnatrice de la Table serait en couple avec un dirigeant d’une compagnie forestière. Cette information est confirmée par la conseillère en communication du ministère, indiquant à La Terre que les liens familiaux entre la coordonnatrice de la Table GIRT et un représentant de Domtar, tel que décrit par M. Blais, sont réels. Par contre, « aucun élément ne fut relevé de la part des membres de la Table GIRT concernant une possible influence de ces liens sur le travail de coordination ainsi que sur l’impartialité de la coordonnatrice », stipule Mme David, ajoutant que la coordonnatrice « n’est pas décisionnelle ».
Un son de cloche défavorable ailleurs
Dans Chaudière-Appalaches, l’acériculteur Francis Roy a assisté à une réunion de la Table GIRT de son secteur. « J’ai vite compris qu’il n’y avait pas d’écoute pour le développement de l’acériculture. Ça ne fonctionne pas. Quand il y a une réunion, tout est pipé d’avance entre leur petite gang. Je pense que leur idée, c’est d’étirer le temps pour que les attributions d’émissions soient passées [et ainsi éviter de concéder du territoire à l’acériculture] », affirme le président des Producteurs et productrices acéricoles de la Beauce.
Dans la Forêt seigneuriale Joly de Lotbinière, dans Chaudière-Appalaches, Steve Cadorette dit qu’il siège depuis six ans à la table de concertation. « Et ça fait six ans que je ne suis pas écouté! C’est vraiment la foresterie qui est forte », affirme celui qui exploite sur cette terre publique une érablière de 18 00 entailles. Il parle de son combat pour faire reconnaître les peuplements d’érables rouges comme du potentiel acéricole, une position qui ne fait pas l’unanimité.