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En réaction à l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), qui plafonne désormais les exportations de poudre de lait écrémé et de concentrés de protéines de lait à l’international, le transformateur Agropur a développé un mélange qui lui permet d’échapper aux quotas et d’écouler ses surplus de solides non gras.
Le président de la coopérative laitière, Roger Massicotte, a dévoilé ce stratagème lors des assemblées régionales en décembre. Dans un extrait d’allocution rendu public par La Vie agricole, ce dernier explique avoir incorporé des ingrédients à la poudre de lait écrémé, changeant la nature du produit. « On n’appelle pas ça du lait écrémé, on appelle ça un blend. […] C’est un mélange que les Américains nous ont montré comment faire. Ils mélangent d’autres choses et ça ne s’appelle plus des produits laitiers », détaille-t-il.
Déjà des mélanges avant la signature de l’accord
En entrevue avec La Terre, en marge de l’assemblée générale annuelle d’Agropur, le 9 février, le vice-président principal aux affaires institutionnelles et aux communications, Dominique Benoit, n’a pas souhaité préciser la nature des ingrédients utilisés, pour des raisons commerciales. Il a néanmoins assuré que ces pratiques sont conformes à l’ACEUM. Il a par ailleurs expliqué que son organisation avait déjà des activités commerciales préconisant des mélanges avant la signature de l’accord de libre-échange.
« Ce qu’on a fait, c’est d’accélérer le développement de ces produits et le développement de marchés nouveaux », a-t-il soutenu, spécifiant exporter ces ingrédients partout à travers le monde, notamment en Asie et au Moyen-Orient, mais pas aux États-Unis.
« Je pense que dans l’industrie, les transformateurs qui font des ingrédients laitiers ont certainement déployé des stratégies pour être capables de répondre aux engagements que le gouvernement canadien a pris [dans le cadre de l’ACEUM]. Je ne parlerai pas pour les autres, mais nous, on devait trouver des façons d’innover et trouver de nouveaux marchés », a insisté M. Benoit.
Pas de crainte de représailles des Américains
La semaine dernière, le spécialiste du commerce international et professeur à l’Université Laval Richard Ouellet a dit craindre, dans un article de La Presse, que les Américains profitent des propos de Roger Massicotte pour déposer une plainte en vertu de l’ACEUM. Rappelons que les États-Unis ont déjà contesté le mécanisme d’attribution de permis d’importation de produits laitiers du Canada. Questionné sur les représailles que pourrait générer la médiatisation des pratiques d’Agropur pour écouler ses surplus de solides non gras, Dominique Benoit a soutenu qu’il n’y avait « pas d’enjeu ». « Le Canada s’est imposé des limites à l’exportation […] de poudre de lait écrémé et de concentrés de protéines de lait. […] Mais le Canada ne s’est pas engagé à limiter ses exportations d’autres ingrédients laitiers à travers le monde, assure-t-il. […] Honnêtement, quand on regarde la situation, on est conformes et on n’est pas gênés de le dire », a réitéré M. Benoit.