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Au cours de la dernière année, des chercheurs affiliés à un centre de recherche d’Australie ont découvert que lorsqu’on enlevait une protéine de l’orge, le plant abordait plus de branches sur chaque épi. L’étude, menée par Gang Li de l’Université d’Adélaïde, et publiée dans la revue Nature Plants, portait sur l’inflorescence, soit la disposition des fleurs sur une tige, de différentes céréales.
« C’est excitant d’en apprendre plus sur ce gène et ses fonctions sur la plante », affirme André Laroche, chercheur scientifique en génomique fonctionnelle des céréales au Centre de recherche de Lethbridge, en Alberta, d’Agriculture et Agroalimentaire Canada.
Les modifications apportées aux plants d’orge pourraient leur donner un meilleur rendement en présence de températures élevées. Pour André Laroche, cette trouvaille est intéressante puisque tous les agriculteurs devront composer avec de nouvelles réalités liées aux changements climatiques, dont des chaleurs plus importantes. « Le blé et l’orge sont sensibles aux températures élevées lors de leur floraison. Quand il fait trop chaud, le potentiel est plus élevé de diminuer le rendement. En allant de l’avant avec cette mutation, on peut minimiser les impacts d’une haute température au temps de floraison et on peut même avoir un rendement plus élevé », souligne le chercheur.
De son côté, François Belzile, professeur au département de phytologie à l’Institut de biologie intégrative et des systèmes de l’Université Laval, salue la découverte de la fonction précise du gène, mais regarde les résultats avec prudence. Celui qui détient une formation en génétique moléculaire végétale s’explique mal la conclusion que cette modification permettrait un plus haut rendement en se basant sur les résultats présentés. « Un épi avec plus de branches ne signifie pas nécessairement un plus haut rendement. Il faut que les grains se remplissent », précise-t-il.
Le professeur ajoute que l’apparence de l’orge est aussi grandement modifiée par cette mutation, ce qui pourrait rebuter des acheteurs. Avant que cette découverte ne se concrétise sur le marché, ça peut prendre encore beaucoup de temps et d’autres étapes doivent être franchies.
Les conditions climatiques différentes d’un pays à l’autre sont aussi à prendre en considération. Avant la commercialisation au Canada, des tests devront être réalisés ici. « Un cultivar adapté aux conditions de l’Australie n’est pas nécessairement adapté à celles du Canada. Ce qui est important dans cette nouvelle est de savoir ce qu’ils ont obtenu et de surveiller ce qui se passe et les avancées », indique André Laroche.
La technologie de CRISPR-Cas9 Au Canada, comme dans d’autres centres de recherches ailleurs dans le monde, les chercheurs utilisent la technologie CRISPR-Cas9, qui permet d’isoler précisément un gène, de l’enlever et d’évaluer la réponse de la plante. Toutefois, ces mutations ne sont pas encore acceptées pour commercialisation. André Laroche, chercheur scientifique en génomique fonctionnelle des céréales, mentionne qu’au Canada, pour le moment, uniquement deux semences de canola modifiées par CRISPR-Cas9 ont été acceptées, et ce, tout récemment. De plus, puisque le marché des grains repose beaucoup sur l’exportation, les clients devront être en faveur d’une telle mutation. |