Économie 8 février 2022

Jusqu’à 50 000 $ par ferme pour les pratiques environnementales

Dès ce printemps, les producteurs agricoles désirant adopter des pratiques agroenvironnementales, ou qui ont déjà enclenché des actions en ce sens, recevront une rétribution pouvant atteindre 50 000 $ par entreprise.

Le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne en a fait l’annonce le 8 février.

Dès l’inscription auprès de la Financière agricole du Québec, les producteurs se verront accorder une avance de 40 % de l’aide financière potentielle, puis de 20 % par année sur une période de 3 ans. Cela sera conditionnel au dépôt d’un bilan environnemental amélioré auprès de la Financière, annuellement. « On voulait garder ça simple pour les agriculteurs pour qu’après s’être inscrits, ils puissent avoir rapidement, en dedans de quelques jours, le premier versement de 40 % », a affirmé le ministre Lamontagne.

Les pratiques de diversification des cultures, de protection des sols hors saison, de réduction de l’usage des herbicides, d’utilisation de semences non traitées aux insecticides et d’aménagements favorables à la biodiversité seront admissibles à cette subvention. Le ministre Lamontagne a précisé que la mesure vise toutes les productions agricoles, mais particulièrement celles qui utilisent des couvertures de sol comme les grandes cultures et le maraîchage.

Les agriculteurs auront huit semaines pour s’inscrire auprès de la Financière, soit du 7 mars au 30 avril. Cette mesure de rétribution, dont le budget est de 14 M$ par année jusqu’en 2025, s’ajoute aux incitatifs de 21 M$ prévu dans le programme Prime-Vert.

Le président de l’Union des producteurs agricoles, Martin Caron, a fait remarquer que l’établissement d’une telle mesure est une première au Canada, mais qu’il y a néanmoins un écart de 53 M$ avec les montants perçus par les producteurs américains pour la rétribution des pratiques agroenvironnementales au sud de la frontière. « Si on veut rester compétitifs, il faut être capables d’avoir un soutien de la même envergure, parce que certains producteurs ne peuvent pas transférer la facture au consommateur », a-t-il confié à La Terre. Ce dernier a ajouté que le financement manquant pourrait toutefois provenir du Cadre stratégique agricole, actuellement négocié entre Ottawa et les provinces, ou du Plan provincial pour une économie verte.

Lors de la conférence de presse, le producteur de grandes cultures Paul Caplette s’est réjoui que le programme donne de la flexibilité aux producteurs. « Ce qui est beau du programme, c’est qu’il permet de rétribuer les actions que les fermes ont déjà mis en place au courant des 5, 10 ou 15 dernières années, et qu’elles seront rétribuées dans l’an un. C’est un programme qu’on aime parce que chaque agriculteur est libre de choisir dans quel créneau il est le plus à l’aise de commencer au niveau de sa ferme », a indiqué M. Caplette.

La mesure s’inscrit dans le cadre du Plan d’agriculture durable 2020-2030. Celui-ci, doté d’une enveloppe de 125 M$ sur 5 ans, vise à réduire l’usage des pesticides et les risques qui y sont associés, à améliorer la santé et la conservation des sols, à améliorer la gestion des matières fertilisantes, à optimiser la gestion de l’eau et à améliorer la biodiversité.