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Plusieurs agriculteurs dénoncent régulièrement sur les médias sociaux le passage indésiré de motoneiges dans leur champ enneigé. Deux brasseries fermières de deux régions différentes, la Ferme du Tarieu et la Grange Pardue, affirment pour leur part devoir une fière chandelle aux motoneigistes.
« La fin de semaine dernière, on doit avoir accueilli au moins 300 motoneigistes par jour. On est très, très contents qu’ils passent nous voir », dit Philippe Langlois, copropriétaire de la Grange Pardue à Ham-Nord, dans le Centre-du-Québec. Malgré les mesures sanitaires, son entreprise a pu rester ouverte pour permettre aux motoneigistes de venir se réchauffer une quinzaine de minutes et de manger un repas dehors, sur une terrasse aménagée. Au-delà de cette année particulière, les motoneigistes créent des retombées économiques importantes chez lui. « L’hiver, c’est notre gagne-pain principal. Nous sommes situés à côté de deux sentiers de motoneige et je dirais que 50 % des clients font plus de 70 km pour venir jusqu’ici. C’est une clientèle additionnelle », dit M. Langlois.
À Sainte-Anne-de-la-Pérade, en Mauricie, une ancienne ferme laitière a fait place à la Ferme du Tarieu, une microbrasserie qui confectionne de la bière à partir des grains et du houblon cultivés à la ferme. Maxime Carpentier et son associé enregistrent de bonnes ventes. « L’hiver est un temps mort et les motoneigistes viennent combler un creux. C’est vraiment important pour nous. En étant sur le bord du sentier régional, il y a beaucoup de monde qui passe. On est toujours à pleine capacité, avec 100 motoneiges par jour. Ils commandent en take-out et vont manger sur notre terrasse qu’on a transformée en abri avec un feu. Les clients adorent! On vend du bonheur », souligne M. Carpentier.
Ce dernier ajoute que plusieurs clients en motoneige viennent de l’extérieur de sa région et ont promis de revenir cet été après avoir découvert l’endroit. « C’est un marché qu’on n’aurait pas atteint sans la motoneige », assure-t-il. Le copropriétaire déplore toutefois le comportement négatif de certains motoneigistes sur les terres agricoles, mais il assure que cela ne représente pas la majorité. « C’est comme dans tout; on entend toujours plus parler du négatif que du positif! »
Des brasseries fermières plus nombreuses qu’on le pense
Les brasseries fermières ont l’avantage de faire découvrir aux consommateurs la source agricole de la bière, et évidemment, de conférer un goût du terroir à leurs bières, un concept qu’on retrouve maintenant à différents endroits au Québec. On retrouve notamment la brasserie La Ferme, située en Estrie, La Chouape au Lac-Saint-Jean, La terre à boire en Montérégie et Frampton Brasse, dans Chaudière-Appalaches.
Dans le Centre-du-Québec, la brasserie fermière la Grange Pardue est construite sur la terre de Stéphane Turcotte. Sa famille a vendu les vaches et le quota de lait au tournant des années 2000. L’idée d’une brasserie fermière s’est concrétisée en 2019 avec la construction du bâtiment en plein champ. « L’objectif, c’est de faire vivre une expérience brassicole et que les gens comprennent que la bière vient de la terre. On offre une visite d’interprétation, on explique le processus d’agriculture, car 50 % de ce qu’on sert vient de nos champs et de l’érablière », précise Philipe Langlois, copropriétaire. Ce dernier croit beaucoup à l’avenir des brasseries fermières. « Je pense que chaque région va développer sa bière, comme en Europe, avec les grains de la place, l’eau de la place et la fermentation spontanée de la place. Je crois qu’il a plus d’avenir pour ça que pour les microbrasseries semi-artisanales qui mise sur la distribution », explique M. Langlois, qui souligne fièrement avoir reçu plus de
50 000 visiteurs l’an passé dans sa grange « pardue ».
À Sainte-Anne-de-la-Pérade, la Ferme du Tarieu était aussi une ferme laitière dont le quota et les animaux ont été vendus. « On a construit la brasserie sur une des terres, près de la sortie de l’autoroute. On a été chanceux; c’était déjà dézoné. On cultive notre propre orge et on le met de l’avant avec de la bière fermentée à froid. Les clients voient aussi notre houblon pousser sur la terrasse, et maintenant, ils y goûtent dans nos bières. Les gens capotent », exprime Maxime Carpentier, dont l’entreprise offre 12 sortes de bières en rotation. Avec son partenaire d’affaires Alexandre Perreault, il entend poursuivre la croissance de l’entreprise en développant ce printemps une microdistillerie qui produira gin, vodka, whisky, absinthe, etc.
Pas de tout repos Au Lac-Saint-Jean, La Chouape mise sur 81 hectares de terre sous régie biologique dont une portion est réservée à la culture de l’orge et du sarrasin servant à la fabrication de ses bières. Les petits fruits comme le bleuet et la camerise proviennent des agriculteurs voisins. Fondée en 2007 par Louis Hébert, la brasserie était une façon pour lui de développer un projet qui le passionnait tout en prenant, à sa façon, la relève de la ferme familiale qui a fêté ses 140 ans d’activité l’an dernier. Les gens peuvent se rendre à la ferme de Saint-Félicien pour observer les champs et le patrimoine bâti, qui comprend entre autres une maison ancestrale et la vieille porcherie d’époque. « On veut aussi montrer aux gens ce qu’on fait pour le développement durable et le respect de l’environnement », dit M. Hébert. Ce dernier souligne toutefois qu’une brasserie fermière n’est pas de tout repos, car cultiver soi-même ses grains et obtenir une récolte avec les volumes et la qualité escomptés s’avère beaucoup plus compliqué que de simplement acheter du grain comme le font les brasseries non fermières. |