Régions 3 février 2022

Boum de production de lait de brebis en Estrie

Quatre bergeries laitières ont vu le jour en Estrie depuis deux ans, notamment pour répondre à la demande du plus important transformateur de la province, soit la Fromagerie Nouvelle-France, située à Racine.

À Saint-Malo, Anie Stébenne et son conjoint Martin Boudreau commenceront la production de lait de brebis au printemps. Photo : Gracieuseté d’Anie Stébenne
À Saint-Malo, Anie Stébenne et son conjoint Martin Boudreau commenceront la production de lait de brebis au printemps. Photo : Gracieuseté d’Anie Stébenne

Avec 10 bergeries laitières, l’Estrie arrive au premier rang des régions productrices de lait de brebis au Québec. Cela représente près du tiers des fermes laitières ovines de la province. Le président de la Fédération de l’Union des producteurs agricoles de l’Estrie, Michel Brien, confirme une importante croissance. « Il y a 10 ans, il y avait zéro producteur de lait de brebis dans la région », précise-t-il.

À Magog, l’éleveur David Beauvais affirme avoir choisi la production de lait de brebis en raison de la demande de la Fromagerie Nouvelle-France, qui a récemment emménagé dans de nouveaux locaux à Racine. « C’est le plus gros acheteur au Québec, dit-il. Si je n’avais pas su qu’il y avait une demande de lait de Nouvelle-France, je ne me serais peut-être pas lancé dans cette production. » Il a livré 17 000 litres de lait en 2021, première année en production, et prévoit produire 25 000 litres cette année. L’éleveur est conscient qu’en vendant toute sa production au gros joueur de la province, il met tous ses œufs dans le même panier. Il croit toutefois que si le volume de lait de brebis produit dans la région continue de s’accroître, un transformateur de lait de vache pourra leur prêter main-forte en cas de pépin à la fromagerie.

Deux autres fermes naissantes ont l’intention de livrer la totalité de leur lait à la Fromagerie Nouvelle-France. Ève-Marie Houde et son conjoint Thierry Champagne, de Sainte-Edwidge-de-Clifton, ont fièrement trait les 25 brebis de leur ferme pour la première fois le 25 janvier. « On a décidé de monter notre troupeau comme il le faut avant de commencer à faire du lait », affirme la copropriétaire. Le couple a mis un an et demi d’efforts à perfectionner le troupeau de 115 têtes et compte augmenter la cadence pour terminer l’été 2022 avec 100 brebis en lactation. Pour sa part, Anie Stébenne, de Saint-Malo, effectuait les toutes premières échographies de ses agnelles le 26 janvier. Elle entamera la production de lait au printemps dans un bâtiment loué à son voisin, un ancien producteur de lait de vache. L’objectif à terme est d’atteindre 200 brebis en lactation, d’obtenir la certification biologique et d’optimiser la régie du troupeau grâce à une salle de traite informatisée.

Marie-Chantal Houde est fière de l’essor que donne sa fromagerie au milieu agricole de la région. Avec une croissance annuelle de près de 20 % par année, la fromagère affirme être toujours en quête de lait de brebis. Elle évalue présentement la possibilité d’acheter le lait d’un producteur ontarien.


La brebis laitière accessible à la relève

À Saint-Georges-de-Windsor, Vincent Tessier et Catherine Roy produisent du lait de brebis depuis trois mois, alors qu’ils produisaient de la brebis de boucherie depuis quatre ans. « C’est un marché réellement en demande. Les fromagers ont de la difficulté à s’approvisionner et plusieurs achètent en Ontario », indique Vincent Tessier, qui vend la totalité de sa production à la fromagerie La Moutonnière, de Sainte-Hélène-de-Chester dans le Centre-du-Québec. Ancien producteur de lait de vache, il soutient que la brebis laitière est une production accessible aux jeunes de la relève. « Un mouton ne mange pas énormément, donc même si on loue des terres ou un bâtiment, on est capable d’acheter du foin sans se ruiner parce qu’il n’en faut pas beaucoup. Le coût de production est plus faible que dans la vache laitière et le prix de vente est excellent », dit-il.

Le producteur de Magog David Beauvais est, pour sa part, emballé par l’idée que tout soit à construire dans la filière de la brebis laitière. « C’est comme dans la vache laitière il y a 60 ans, tant pour la génétique que pour l’alimentation et la régie, indique ce dernier. Toute la recherche et l’expertise sont à faire. Le potentiel d’amélioration est grand », s’enthousiasme-t-il.