Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Le Groupe Bel, géant français qui produit au Québec certains fromages à base laitière de marque Boursin, La vache qui rit et Mini Babybel, ne cache pas ses intentions d’accélérer la croissance de son offre de produits végétaux dans le futur, notamment au Canada. Des discussions ont même eu lieu pour en fabriquer éventuellement au Québec.
« On regarde le potentiel de faire des produits à base de plantes localement. On a déjà rencontré des gens au mois de décembre sur le territoire du Québec », souligne Cristine Laforest, directrice générale du Groupe Bel Canada, dans une entrevue accordée à La Terre.
En 2021, un Boursin sans produits laitiers ainsi que de nouveaux produits La vache qui rit qui combinent fromage et légumineuses ont fait leur apparition sur le marché canadien. Le Groupe Bel a également lancé sa première marque végétale Nurishh. Aucun de ces aliments néanmoins n’est fait au Canada pour l’instant; ceux-ci sont encore importés d’Europe.
« Pour l’instant, on n’a pas les équipements pour pouvoir effectuer ces manœuvres [au Québec]. Ça ne veut pas dire qu’on ne pourra pas le faire, mais ça demandera des investissements », précise Mme Laforest.
À terme, le groupe dont l’offre est présentement à base laitière à 90 % se fixe pour objectif de proposer 50 % de produits à base végétale ou fruitière. « Le but, ce n’est pas d’arrêter la croissance du laitier, nuance toutefois la dirigeante. L’idée, c’est d’hyperaccélérer dans les autres secteurs, par exemple en faisant des acquisitions », ajoute-t-elle, soulignant que 2022 sera « une année de [produits à base de plantes] » pour Bel Canada, avec d’autres lancements à venir.
Tendance croissante, mais de niche
Selon des données achetées par le Groupe Bel Canada à la société Nielsen et datant de janvier 2022, la demande de fauxmages vendus en épicerie a crû de 9,2 % dans la dernière année à travers le Canada. Ces produits, néanmoins, ne représentent que 1 % des volumes totaux de fromages vendus.
« La tendance végétale est une tendance émergente, et ça reste un marché de niche. Par contre, on remarque que c’est en croissance accélérée », fait valoir Cristine Laforest.
Cathy Samson, directrice marketing et innovation de Maison Riviera, fait un constat similaire. Son entreprise propose plusieurs solutions de rechange au yogourt à base de lait de coco et d’avoine. Ceux-ci ont la cote auprès de certains consommateurs, dit-elle, signalant que le marché laitier demeure malgré tout dominant. La coopérative Agropur, de son côté, ne joue pas dans le créneau des produits végétaux pour l’instant, mais reste à l’affût de la tendance qui n’est pas à négliger, selon Dominique Benoit, vice-président principal aux affaires institutionnelles et aux communications. « C’est sûr qu’on observe ça. On suit ça, mais on n’a pas de projets à court terme », mentionne-t-il. Ce dernier affirme en revanche observer un attrait de la clientèle actuellement pour ce qu’il appelle « les produits de niche » d’Agropur, tels que le lait Natrel protéiné et sans lactose.
Une menace pour la production laitière? Le président-directeur général du Conseil des industriels laitiers du Québec, Charles Langlois, est d’avis qu’une tendance vers la diversification de l’offre des transformateurs se dessine, mais que le marché des protéines végétales demeure niché. Il est trop tôt selon lui pour savoir si ce phénomène pourrait un jour se traduire par une baisse de la production laitière. Selon Maurice Doyon, professeur titulaire au Département d’économie agroalimentaire et des sciences de la consommation, deux tendances se contredisent, soit la demande croissante des consommateurs pour les produits végétaux, mais aussi pour « la naturalité » des aliments. « Les consommateurs vont rechercher des produits qui ont subi le moins de transformation possible et qui comportent le moins d’ingrédients possible. Or, dans le fauxmage, on retrouve souvent beaucoup d’ingrédients », souligne-t-il, estimant que ce phénomène joue en faveur des produits laitiers. Selon lui, par ailleurs, il y a une gradation de la substitution de la protéine animale qui fait en sorte que les consommateurs ne seront peut-être pas prêts de sitôt à délaisser les produits laitiers. S’ils réduisent peu à peu l’achat de viande rouge, ils pourraient se tourner vers les œufs et le fromage pour faire le plein de protéines. |