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Le transformateur Olymel a dévoilé le 7 janvier le nombre des porcs en attente, lequel atteint les 196 000. « C’est l’un des chiffres les plus importants. Je ne me souviens pas d’en avoir vu autant depuis une bonne décennie ou plus », commente avec franchise Richard Vigneault, directeur des communications d’Olymel.
Un éleveur de porcs de la relève, William Lafond, dans Lanaudière, affirme que la conjoncture actuelle est la pire qu’il ait vue. « Le prix du porc a beaucoup baissé depuis octobre et avec le prix élevé de la moulée, on fait des cochons à perte. En plus, Olymel les prend au compte-gouttes. Je ne sais plus où les mettre. C’est débile en ce moment, car on n’a jamais fait des cochons aussi gros et aussi coûteux. On est au bout du rouleau en Christophe », dit l’éleveur dont le modèle d’affaires mise sur la production porcine à 100 % étant donné qu’il ne cultive pas de terre.
Le fait que les portées d’une partie de ses 1 500 truies devront être sevrées dans quatre semaines lui donne des maux de tête. « Présentement, je dois mettre des porcelets au travers de mes cochons de 120 kg, car je n’ai plus de place. Mais ceux qui s’en viennent, je ne sais pas ce que j’en ferai. On décidera peut-être d’envoyer plus de truies à la réforme pour mettre les porcelets à la place des mères », avance-t-il, soulignant au passage que son « beau-père, dans l’élevage depuis 30 ans, n’a jamais vu ça ».
Perdre de l’argent « accoté »
Même son de cloche à La Malbaie, dans Charlevoix, où Mathieu Pilote, également associé à Olymel, dit que la situation est pire que jamais. « J’ai 440 porcs en attente. C’est assez critique. La rentabilité est maintenant [inexistante avec des prix] en dessous du coût production. En plus, on doit garder les porcs plus longtemps. Ça fait en sorte qu’on perd de l’argent accoté », dénonce-t-il.
L’éleveur est en train de faire des investissements de 350 000 $ pour se conformer aux normes de bien-être animal, ce qui lui occasionne un stress supplémentaire. « Quand tu investis dans le bien-être animal, c’est zéro rentable, alors comment tu fais en plus quand les abattoirs coupent leurs approvisionnements? Jusqu’à quel point tu peux endurer ça? » questionne-t-il.
Le moral n’est pas au plus haut , spécifie l’éleveur, indiquant que la pénurie de main-d’œuvre qui affecte les fermes et les abattoirs, couplée à une pandémie qui s‘étire, n’a rien pour le rassurer. L’ambiance entre les éleveurs de porcs et Olymel l’inquiète aussi. « Quand ça s’obstine à tout bout de champ devant la Régie [des marchés agricoles], ça ne regarde jamais bien. Moi, j’arrête de penser au long terme pour pouvoir dormir la nuit. Je pense que les producteurs de porcs, on se tient après les murs et on espère que la tempête passera », conclut-il.
Augmenter la cadence, mais… Chez Olymel, Richard Vigneault explique que les congés de Noël pour les travailleurs d’usine et la remontée des absences associées à la COVID-19 expliquent les ralentissements d’abattage et le nombre quasi record de près de 200 000 porcs en attente. Il dit qu’Olymel demande à ses travailleurs d’effectuer des heures supplémentaires pour augmenter la cadence, mais selon leur convention, il doit s’agir d’une décision volontaire de leur part. Il ajoute qu’Olymel envoie des porcs hors Québec et fait le sacrifice de diminuer les produits à valeur ajoutée afin d’accroître le rythme des abattages. |