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Dans une contrée pas si lointaine, la vache Myrtille était fort malheureuse. Elle aimait sa ferme et ses compagnes, mais il manquait un sens à son existence. C’est que Myrtille était infertile. Elle ne pouvait avoir de petits veaux et produire ce précieux lait qui faisait la fierté de son espèce.
Un soir de décembre, alors qu’elle ruminait sur son sort, un tintement de clochettes l’attira à l’extérieur de l’étable. Intriguée, la vache se mit à suivre la lueur rouge qui vacillait à l’orée du bois. Même si la neige, au contact de ses sabots, la faisait frissonner, elle traversa le champ et parvint à destination. Quelle ne fut pas sa surprise de se retrouver entourée d’autres vaches, toutes de rouge vêtues et attelées à un traîneau chargé de cadeaux!
Myrtille fit ainsi la connaissance des vaches du père Noël, un troupeau qui prenait le relais des rennes chaque fois que ceux-ci étaient trop fatigués pour voler. Noire et blanche d’envie, la Holstein s’empressa de demander comment faire pour devenir l’une des leurs. On lui expliqua qu’il y avait des examens à passer avant d’obtenir son permis de conduite de traîneau. Le processus durait environ 12 mois.
Myrtille repartit avec des livres d’étude sur le dos, bien résolue à tout faire pour devenir, elle aussi, une vache du père Noël. Elle se mit à se lever tôt et profitait de chaque temps libre pour plonger la tête dans ses livres. Un jour, une enveloppe contenant un examen apparut, comme par magie, près de son lit. Sitôt rempli, le formulaire se volatilisa pour réapparaître au bout de quelques jours avec une note de A+ et un autocollant de canne de Noël. Voilà qui encouragea Myrtille à poursuivre ses efforts.
Quelques mois plus tard, un petit homme aux oreilles pointues vint la visiter à la ferme pour la soumettre à différentes épreuves de tire de traîneau dans les champs. Nerveuse, Myrtille comprit toutes les instructions de travers. Elle tourna à gauche quand il fallait tourner à droite et recula quand il fallait avancer. Elle renversa même quelques cônes dans son empressement et… comble de la honte, ne parvint pas à retenir quelques fientes sur le trajet. Le lutin repartit l’air scandalisé.
La vache comprit que son beau rêve venait de s’écrouler. Elle était IN-CON-SO-LA-BLE!
Lorsque le tintement des clochettes parvint de nouveau à ses oreilles, Myrtille resta dans l’étable et se recroquevilla pour ruminer sa peine. Des pas feutrés s’approchèrent de sa logette. Lorsqu’elle leva les yeux, la vache aperçut un vieil homme à la barbe blanche et au regard bienveillant derrière ses petites lunettes rondes.
– « Père Noël », murmura-t-elle.
– « Mais, que fais-tu là? s’exclama-t-il doucement. On m’a dit que tu étais la plus motivée de toutes les élèves du monde entier. Je suis surpris de te voir baisser les pattes aussi vite. »
Il l’invita à retourner dans le champ pour reprendre l’examen qui avait viré à la catastrophe. Après quelques profondes inspirations, la Holstein puisa en elle le courage d’affronter sa peur de l’échec. Elle se concentra sur la voix du vieil homme et exécuta avec adresse chacune des manœuvres qui lui étaient demandées.
Pour la féliciter, le père Noël posa une caresse sur son museau. Une sensation de chaleur et de picotement l’envahit. Myrtille comprit qu’elle touchait enfin au but et bomba le torse de fierté. Elle aperçut alors son reflet dans l’une des fenêtres de l’étable. Elle rayonnait de bonheur, mais ce qu’elle remarqua surtout, c’est son museau qui avait changé de couleur. Il était devenu écarlate et brillait de mille feux. Ce soir-là, Myrtille ne retourna pas à l’étable. Une nouvelle vie l’attendait.
Les illustrations et dessins ont été réalisés par Judith Boivin-Robert.
Pour entendre ce conte en version audio, écoutez notre balado Le son de La Terre, édition spéciale de Noël.