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La litière de fumier recyclé (LFR), qui est constituée à 100 % de fumier revalorisé, augmente considérablement les risques de mammites chez la vache. C’est ce qui ressort d’un vaste projet de recherche dont les résultats ont été dévoilés lors du Colloque sur la santé des troupeaux laitiers qui s’est tenu à Drummondville le 30 novembre.
« Il y a jusqu’à sept fois plus de risques de mammites causées par la bactérie Klebsiella pneumoniae avec la LFR », précise la vétérinaire Annie Fréchette. La doctorante à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal a fait partie de l’équipe de chercheurs travaillant sur cette étude depuis 2017. « Cette bactérie entraîne des mammites très sévères qui ne répondent pas vraiment aux traitements et qui mettent en jeu la vie de l’animal. » Les chercheurs ont comparé les données recueillies auprès de 27 fermes utilisant de la LFR et de 61 utilisant de la paille.
Enjeu de biosécurité
Malgré l’avantage économique de la LFR, les risques qu’elle représente pour la biosécurité à la ferme ne sont pas à négliger, prévient la chercheuse. « Notre recherche a aussi démontré que le procédé de compostage du fumier ne permet pas de tuer des agents pathogènes comme la salmonelle ou le Cryptosporidium spp. Ce sont des bactéries qui peuvent se transmettre aux humains. Il est donc important de faire attention lorsqu’on manipule les litières », conseille-t-elle.
D’une ferme à l’autre, le processus de compostage peut varier. Y aurait-il lieu de l’uniformiser? « On n’est pas encore rendu là. On sait ce qu’il ne faut pas faire, mais pas exactement ce qu’il faut faire. Les critères de qualité n’ont pas encore été établis », affirme Mme Fréchette, qui déconseille l’utilisation de la LFR dans les aires de vêlage et sous les animaux de moins de six mois.
Par ailleurs, la recherche a démontré que, comparée à la paille, la LFR offre un confort équivalent aux vaches. De plus, la qualité alimentaire du lait n’est pas altérée par ce type de litière.
De fausses croyances déboulonnées
Dans sa présentation, la chercheuse a pris le temps de déboulonner certaines fausses croyances, à commencer par celle concernant le taux de matière sèche à atteindre pour obtenir une bonne qualité de LFR. « Malgré que ce soit une idée largement répandue, ce n’est pas prouvé qu’un taux déterminé de matière sèche élimine les problèmes de santé », souligne-t-elle.
Par ailleurs, quand des problèmes de santé apparaissent dans le cheptel, il n’est pas vraiment utile de procéder à des analyses pour connaître le type de bactéries présentes dans la LFR. « Comme il n’y a pas de seuil critique du nombre de bactéries qui a été établi, ces analyses sont difficiles à interpréter. Aussi, à l’heure actuelle, il n’existe aucun conditionneur qui a un effet à long terme sur la croissance bactérienne. Il y a des produits en émergence, dont la chaux, mais son apport réel n’est pas démontré », conclut Annie Fréchette.
Sylvie Lemieux, collaboration spéciale