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SAINT-HYACINTHE — Le grand patron de Bonduelle Amériques, Daniel Vielfaure, est venu rencontrer les Producteurs de légumes de transformation du Québec (PLTQ), réunis en assemblée générale annuelle le 8 décembre à Saint-Hyacinthe, pour leur expliquer en détail, et avec une rare transparence, le processus de vente qui implique présentement toutes les usines de Bonduelle du Québec.
À vrai dire, Bonduelle veut vendre toutes ses installations en Amérique du Nord, soit ses 13 usines canadiennes et américaines. Plusieurs entreprises du domaine agroalimentaire, tout comme des fonds d’investissement, se montrent intéressées à tout acheter, a indiqué M. Vielfaure. Considérant qu’au Québec, les pois, haricots et maïs de transformation sont concentrés entre les mains d’un seul acheteur (Bonduelle), la transaction risque d’avoir une incidence significative sur toute la filière. Le directeur général a cependant tenu à rassurer les producteurs. « Il n’y a pas à s’inquiéter », a-t-il insisté.
Un producteur inquiet, justement, a pris le micro lors de la période de questions : « Les nouveaux acheteurs, les fonds d’investissement surtout, vont vouloir faire de l’argent, […] et l’argent se fera sur le premier maillon, sur les agriculteurs », a-t-il lancé. M. Vielfaure lui a répondu que le ou les futurs acquéreurs seront plus gros que Bonduelle et que les acheteurs n’achèteront pas les usines et le plan de croissance en Amérique du Nord pour le détruire. Au contraire, ils voudront le faire grossir. « Et pour croître, on a besoin de vous autres. Malheureusement, a-t-il dit à la blague, je n’ai pas encore trouvé le moyen de vous contourner pour avoir des pois, des haricots et du maïs! On a besoin de bons fournisseurs. Ça nous prend vos hectares [en culture] et on va vous payer ce que ça vaut », a-t-il assuré.
Raisons de la vente
Après avoir acheté les Aliments Carrière et ses usines québécoises en 2007, Bonduelle, une entreprise française, a connu une croissance importante sur le territoire nord-américain. Étonnamment, cette forte croissance est la raison de la vente. « Le poids [de Bonduelle Amérique du Nord] à l’intérieur du Groupe Bonduelle est devenu plus important que prévu », a expliqué Daniel Vielfaure. Aussi, les ventes de légumes de transformation aux marques privées [des épiceries] ont atteint 51 %, devenant ainsi plus importantes que celles aux marques de Bonduelle. Et Bonduelle avait comme critère de ne pas dépasser 50 % des ventes aux marques maison, alors le conseil d’administration a décidé de vendre la division nord-américaine », a résumé le dirigeant.
L’agriculteur et président des PLTQ, Pascal Forest, a été informé de la décision de Bonduelle il y a quelques semaines. « J’ai été surpris, mais ça expliquait certaines décisions de leur part. On proposait des projets [comme un nouveau tunnel de surgélation] qui n’étaient pas réalisés », a dit celui qui apprécie la transparence de Bonduelle sur son processus de vente. Questionné par La Terre à savoir si les PLTQ pourraient être acheteurs, il a répondu que non. « On se concentre sur ce qu’on fait de bien : la production. »