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SAINT-HYACINTHE – Les marchands vendent leurs arbres de Noël à des prix jamais vus en raison de la demande soutenue des consommateurs, autant au Québec qu’aux États-Unis. Une situation qui pourrait cependant avoir des effets négatifs à moyen terme.
À Saint-Hyacinthe, le marchand Stéphane Roberge s’installe depuis plus de 20 ans dans le stationnement du centre commercial local pour vendre ses sapins. Les gens aiment le voir aménager son kiosque avec ses lumières et l’odeur de sapin qui s’en dégage. Il fait partie de la tradition des fêtes pour plusieurs. Sauf que ses prix ont augmenté de 25 à 35 % cette année. « Un sapin de Noël standard de 7 à 8 pieds, je vendais ça 55 $ l’an dernier et cette année, c’est 75 $. C’est beaucoup, je sais, mais le même sapin se vend encore plus cher à Montréal (100 $) », compare-t-il.
Le revendeur précise qu’il n’y a pas eu moins de sapins produits cette année. Le phénomène de rareté est simplement causé par une demande accrue des consommateurs. Les producteurs d’arbres de Noël d’ici livrent davantage aux États-Unis, un marché plus payant, indique-t-il. Au Québec, la demande est également très forte cette année.
Beaucoup de main-d’œuvre
La vice-présidente de l’Association des producteurs d’arbres de Noël du Québec (APANQ), Émilie Turcotte-Côté, constate un fort engouement des consommateurs. Elle remarque également une hausse généralisée des prix, mais variable selon les régions. « C’est sûr que les prix ont augmenté. Il y avait du rattrapage à faire, car de 2010 à 2015, il n’y a eu aucune augmentation de prix. Et dernièrement, le gaz a augmenté, le salaire minimum aussi, et la culture de sapin est très peu mécanisée, ce qui exige beaucoup de main-d’œuvre. Donc l’augmentation des salaires, ça paraît », affirme l’agronome qui travaille pour BL Christmas Trees, un géant de la production d’arbres de Noël.
Les producteurs vendent leurs arbres de Noël plus cher et les revendeurs augmentent aussi leur marge dans plusieurs cas, mais cette hausse de prix ne semble pas ralentir le consommateur, constate Mme Turcotte-Côté. Même qu’elle remarque une augmentation de la demande pour le sapin Fraser, qui est plus coûteux que le sapin baumier. « Le Fraser coûte plus cher à produire, les plants sont plus chers et il faut le minoucher davantage, mais les gens en veulent », décrit-elle.
Un cycle baissier à prévoir?
Dominique Choquette, conseillère aux entreprises d’arbres de Noël au sein du ministère de l’Agriculture du Québec (MAPAQ), affirme que la situation actuelle est un retour du balancier après la mauvaise conjoncture entre 2007 et 2014, lors de laquelle les prix n’étaient pas élevés et le marché était saturé. Cela avait provoqué des faillites de producteurs américains, dit-elle, et un manque de relève, ce qui se traduit aujourd’hui par un nombre inférieur de producteurs pouvant fournir à la demande. Et la demande s’est également accrue aux États-Unis, notamment, par le biais d’une campagne promotionnelle qui incite depuis quelques années les Américains à acheter un arbre naturel pour Noël. Or, les ventes actuelles pourraient convaincre les producteurs d’accroître leur production et entraîner un surplus de sapins dans sept à dix ans, soit le nombre d’années de croissance nécessaire pour rendre un arbre de Noël à sa taille commerciale. « Il paraît qu’il se plante beaucoup d’arbres de Noël aux États-Unis. Présentement, les producteurs ont même de la misère à avoir les transplants », mentionne Mme Choquette.
Du côté de la demande, l’augmentation des prix pourrait créer un effet négatif sur certains consommateurs, les encourageant à envisager l’achat d’un arbre de Noël artificiel. Des producteurs se sont dits préoccupés par l’incidence de cette hausse de prix sur leur clientèle, mentionne Dominique Choquette, car ils savent qu’il existe un point de rupture [un prix au-delà duquel le client n’est plus acheteur], partage-t-elle.