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Pierre Bouchard adore sa vie à la campagne…
Nous sommes chez Pierre Bouchard, dans la belle campagne de Verchères. Devant sa maison, il y a le fleuve ; derrière, il y a des champs à perte de vue. L’ancien numéro 26 du Bleu Blanc Rouge, gagnant de la Coupe Stanley à cinq reprises, est la vedette du numéro du printemps 2012 du magazine Vivre à la campagne, en kiosque le 22 mars. «J’aime ma vie à la campagne»,y admet-il, ayant choisi l’endroit pour le calme, mais aussi pour y gagner sa vie. Faites le tour du propriétaire en notre compagnie et même un tour de bateau dans une solide Verchères, surnommée « la chaloupe du poète » par ses amis.
Je conserve un souvenir impérissable de cette « belle chaloupe » en bois. C’était l’été 1966. J’avais 10 ans. Mon père était tout fier de son acquisition : une Verchères longue de 14 pieds. Quand le temps filait doux, il m’amenait avec lui à la pêche à la perchaude sur le lac Saint-Louis.
Je me considérais comme privilégié. Mes amis m’enviaient, et avec raison. Parfois, mon père me laissait « conduire la chaloupe », propulsée par un moteur de 15 chevaux.
Ça se passait dans le coin de Châteauguay. C’était quelques années avant que Beau Dommage ne compose cette chanson qui parlait de ces dimanches au soir au bout du quai.
Puis les saisons se sont bousculées. Et mon père, qui n’avait pas le pied marin, a fini par vendre sa Verchères. Il avait décidé, à sa manière, de ramer à contre-courant.
Un beau jour de décembre, tandis que je me trouvais à Verchères – j’avais rendez-vous avec Pierre Bouchard, l’ancien numéro 26 du Canadien de Montréal – j’ai tenu à aller voir, tout près du fleuve, si on fabriquait encore les chaloupes de mon enfance. Rien n’avait changé : il y avait là l’atelier de fabrication qui ressemblait davantage à mes yeux à un musée. Un tas de souvenirs me sont revenus en mémoire.
Du coup, je me suis revu gamin, avec des rêves plein la tête, avec en prime une forte dose d’insouciance. Je me suis rappelé ces belles sorties sur l’eau avec mon père, je me suis souvenu de cette douce sensation d’être libre comme l’air quand on prend le large, une vague à la fois.
J’ignorais alors que les belles Verchères avaient encore une âme, et que l’entreprise familiale était toujours solidement ancrée. J’ai passé un coup de fil à la fabrique pour m’en convaincre. « On n’a pas envie d’abandonner. On tient bon! Les chaloupes Verchères, c’est notre fierté! », m’a confié Lise Pigeon, dont le fils, Charles-Émile Goyette, 32 ans, vient de prendre le relais de son père, Normand, décédé l’an dernier.
Elle sait que son fils, « aussi habile que son père qui travaillait le bois en véritable artisan », saura tenir la barque. Pas étonnant que les passionnés de belles chaloupes continuent de se rendre dans cette municipalité de la Rive-Sud, près de Varennes, pour passer leurs commandes.
Et vogue ma Verchères!