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Vincent Fluet, un jeune maraîcher de 32 ans, développe un modèle d’affaires original qui consiste à produire des légumes sans terre agricole. Il cultive sur des terrains résidentiels de sa municipalité à La Sarre, en Abitibi.
« Plusieurs propriétaires m’offrent de cultiver chez eux. Ils ne me chargent presque rien. Ils trouvent ça beau ce que je fais. Je pourrais en cultiver deux fois plus grand. La disponibilité du fonds de terre est là », dit le producteur, qui a ainsi trouvé le moyen de se démarquer d’autres producteurs de la relève qui n’arrivent pas à démarrer leur projet, faute de terre.
De la suite dans les idées
Le propriétaire de la ferme Écobourgeons a doublé les revenus en cette deuxième année, atteignant les 20 000 $. « Présentement, c’est non rentable, mais à terme, ça va l’être, assure-t-il. J’ai un taux d’endettement pratiquement nul et j’estime minimalement aller chercher un chiffre d’affaires de 50 000 $. Je pense qu’une agriculture urbaine, low tech, accessible et résiliente comme la mienne a vraiment de l’avenir. » Il vend sa production, soit une trentaine de variétés de légumes, sous forme d’abonnements pour des paniers ainsi qu’aux restaurants, à l’épicerie et à d’autres producteurs de sa région.
Armé de son motoculteur, Vincent Fluet passe d’un terrain à l’autre pour cultiver ses planches, qui sont toutes standardisées, soit d’un mètre de large par 18 mètres de long. Il se concentre sur les cultures les plus payantes et priorise sur son propre terrain résidentiel celles qui nécessitent le plus de main-d’œuvre, une stratégie qui minimise ses déplacements. Les autres terrains servent à cultiver les courges, les carottes, les oignons et autres légumes de conservation qui demandent moins d’entretien.
Les conditions climatiques de sa région située au nord du 48e parallèle ne l’inquiètent pas. Il sélectionne les cultivars qui résistent le mieux au froid et démarre sa production dans une serre. Soucieux de limiter ses émissions de gaz à effet de serre, il utilise notamment des couvertures flottantes.
Évidemment, il a dû convaincre les élus municipaux de modifier la réglementation afin de permettre l’agriculture en terrains résidentiels. L’approvisionnement plus limité en eau des résidences demeure un défi, quoiqu’il ait l’intention de créer de petits réservoirs d’eau pour ne pas en manquer ou pour éviter l’eau chlorée.
Un homme en mission
Il livre ses légumes avec une petite voiture électrique et dit garder toutes ses factures de propane, puis même celles de l’essence de son motoculteur, qu’il additionne à la fin de l’année, et il compense sa pollution en achetant des crédits de carbone. Ses contenants sont réutilisés et depuis deux ans, il assure n’avoir employé aucun pesticide. « Ma mission est de créer une agriculture respectueuse de l’environnement et de profiter de ma proximité avec les gens de la ville pour leur montrer en vitrine l’agriculture durable. J’ai des enfants, je veux pouvoir les regarder dans les yeux en disant que j’ai fait ce que j’ai pu plutôt qu’attendre que les autres trouvent des solutions », conclut avec aplomb M. Fluet.