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Le démarrage récent de l’abattoir CBCo Alliance par trois producteurs porcins, à Les Cèdres en Montérégie, a ravivé de mauvais souvenirs chez un groupe de 116 producteurs qui s’était lancé dans un projet comparable au même endroit il y a 15 ans.
En apprenant dans un article publié dans La Terre de chez nous le 18 août que l’abattoir de Les Cèdres avait été relancé, plusieurs membres de l’ancienne coopérative Qualiporc ont eu un pincement au cœur, dont Louis Hébert, un producteur porcin et laitier de Coaticook, en Estrie. « Nous avions travaillé à bout de bras à la reconversion des installations il y a un peu plus de 15 ans pour les adapter aux porcs, parce que c’était à l’origine un abattoir de bœuf », se remémore-t-il avec nostalgie.
Les producteurs avaient à l’époque l’objectif de contrôler toute la chaîne de leur production, de l’élevage jusqu’à la transformation et la mise en marché « pour en tirer toute la sauce », souligne Raymond D’Amours, un autre membre fondateur de la coopérative. Ses activités ont démarré en 2006, mais la faillite a suivi de peu, en 2007, en raison d’un manque de liquidités. « Il nous manquait 3 ou 4 M$ pour faire fonctionner l’abattoir, qui comptait près de 140 employés », raconte avec beaucoup d’amertume Louis Hébert.
Plusieurs producteurs, dont lui-même, avaient d’ailleurs investi « de leur poche un total de 12 M$ dans ce projet de 23 M$, et certains ont perdu jusqu’à leur porcherie dans tout ça », mentionne-t-il.
Des vents contraires
À l’époque de sa création, la coopérative Qualiporc a fait face à plusieurs vents contraires. « Certains voyaient d’un mauvais œil que des producteurs s’occupent eux-mêmes de la transformation et de la mise en marché de leurs porcs », rapporte M. Hébert. Parallèlement, le Québec vivait la crise financière de 2008 et l’industrie porcine en subissait les dommages, avec entre autres des prix du porc très bas sur les marchés.
Avec le recul, ces deux membres du groupe de 116 producteurs disent avoir réalisé que ce projet était probablement trop en avance sur son temps.
« Les contextes politique et économique ont joué contre nous, mais l’idée était bonne, car il y a une grande marge de profit à faire dans la transformation, et ce serait une bonne chose que les éleveurs de porcs puissent aussi en profiter », analyse Louis Hébert.
Les deux hommes sont toutefois heureux de voir les anciennes installations de Qualiporc en activité. « Car on y avait investi beaucoup de temps », ajoute Raymond D’Amours.