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Le glanage poursuit sa progression au Québec. Pour une deuxième année de suite, dans le secteur de Portneuf, une centaine de citoyens ont arpenté les champs de cinq producteurs pour cueillir les fruits et les légumes laissés de côté lors de la récolte principale.
« L’an dernier, on a réussi à récupérer 14 000 kilos de fruits et de légumes dans les champs de nos producteurs agricoles qui, avant, étaient gaspillées », se réjouit Sylvie Germain, chargée de projet à la Table de concertation en sécurité alimentaire de Portneuf. Une partie des végétaux récoltés prend la direction des banques alimentaires qui viennent en aide aux plus démunis.
Des groupes de glaneurs se trouvent dans 9 des 17 régions administratives du Québec jusqu’à présent. Le concept se répand au rythme des budgets limités des organisations communautaires. Sylvie Germain explique que le glanage représente une des nombreuses activités que son organisation coordonne grâce à son armée de… deux personnes. « Si on pouvait nous cloner, moi et ma collègue, on pourrait aller plus vite et en avoir beaucoup plus, mais là, on préfère y aller tranquillement pour être certaines que les cueilleurs sont bien servis et qu’on répond aux attentes des producteurs. »
Mine de rien, le glanage rend une fière chandelle aux producteurs qui sont aux prises avec un manque de travailleurs. Christian Hébert, du Domaine Hébert à Deschambault-Grondines, fait partie des premiers producteurs de Portneuf à avoir ouvert ses champs aux citoyens-cueilleurs. « Tant qu’à manquer de main-d’œuvre et de ne pas pouvoir tout sortir des champs, ce qu’on ne pouvait pas sortir à la machine, on a fait ce partenariat-là [avec la Table de concertation en sécurité alimentaire de Portneuf] et on a été très gagnants », soutient M. Hébert.
Dans Portneuf, la formule retenue répond au principe du « un tiers, un tiers, un tiers ». Le glaneur conserve le tiers de sa récolte, un autre tiers est remis à la banque alimentaire de la région, alors que le producteur accueillant les cueilleurs conserve le tiers restant. Le partage est honnête, estime Christian Hébert. « Ce que garde le cueilleur en fruits, c’est à peu près l’équivalent d’un salaire que j’aurais payé. La partie qui va à la banque alimentaire, c’est sensiblement ce que nous autres, comme entreprise, on fait déjà comme don annuel aux banques alimentaires. Puis l’autre partie, nous autres, on l’a pour la transformation. »
« C’est une activité émergente qui présente un potentiel », croit pour sa part Éric Pineault, professeur au Département des sciences de l’environnement de l’Université du Québec à Montréal, qui ajoute que le glanage doit toutefois bénéficier de l’appui de l’État s’il veut véritablement s’implanter dans les pratiques des collectivités. L’activité, même si elle remonte au Moyen-Âge, ne s’inscrit dans aucune politique agricole à proprement parler, au Québec.
Le glanage possède aussi ses propres limites, précise par ailleurs M. Pineault. Ce type de récolte, assuré par des citoyens-cueilleurs, se bute à ses propres problèmes de disponibilité de la main-d’œuvre. « Les ressources pour le glanage sont aussi rares que pour tout le monde », rappelle le professeur.
Claude Fortin, collaboration spéciale