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Les coûts d’alimentation devraient continuer de monter en flèche dans les élevages de porcs, de veaux de grain et d’agneaux en 2021, selon les plus récentes prévisions du Centre d’études sur les coûts de production en agriculture (CECPA). « La reprise de la demande et la baisse des stocks de maïs et de soya ont mené les prix à des sommets inégalés depuis plusieurs années, battant des records datant de 2014 », signale le CECPA.
L’engraissement des veaux de grain, dont l’alimentation est composée de 75 % de maïs-grain, ainsi que l’élevage de truies sont les deux secteurs qui devraient être les plus durement touchés par la hausse, avec une progression des coûts d’alimentation de l’ordre de 30 % de 2020 à 2021, prévoit l’organisation dans son analyse des coûts théoriques. Par ailleurs, certaines productions devraient mieux s’en tirer, notamment celles des veaux de grain en démarrage, des porcelets et des agneaux légers, puisqu’il s’agit « de secteurs de production qui dépendent moins des moulées », souligne le centre d’études.
« On peut effectivement dire que c’est une hausse énorme », réagit Anthony Lévesque, agroéconomiste spécialisé en production porcine chez Consultants Denis Champage, à Saint-Elzéar, dans Chaudière-Appalaches. En 2020, l’alimentation des porcs coûtait 210 $ par 100 kg. En 2021, c’est 252 $ par 100 kg, ce qui représente 40 $ de plus, calcule-t-il. Tant que le prix du porc reste élevé sur le marché, ça permet aux éleveurs de mieux s’en sortir, mais on voit une tendance à la baisse [du prix du porc] depuis le 10 septembre, ce qui pourrait les coincer un peu plus. »
Utiliser des stratégies à moyen terme
La meilleure façon de faire face à cette éventualité pour les producteurs, selon Catherine Brodeur, vice-présidente des études économiques chez Groupe Agéco, est d’utiliser différentes stratégies de gestion des risques, avec la vente des animaux ou l’achat des aliments à moyen terme, par exemple. Une voie également suggérée par l’agroéconomiste Anthony Lévesque, qui conseille à ses clients de fermer des contrats d’avance, autant pour la vente de porcs que pour l’achat de grains. « Dans l’immédiat, si le producteur n’a pas fait ça d’avance, il reste assez coincé avec ce que le marché lui donne. C’est le défaut en agriculture. On est à la merci de ces choses qu’on ne contrôle pas », commente-t-il.
Réévaluer l’ensemble des coûts de production
Du côté de la production ovine, le secteur de l’agneau lourd est particulièrement touché par la forte hausse de l’alimentation. Marie-France Bouffard et son conjoint Christian Beaudry, propriétaires d’une ferme de 800 brebis à Granby, en Estrie, ont bien remarqué que leurs factures des derniers mois avaient grimpé en flèche. « Quand on engraisse des animaux, on se questionne, réagit Mme Bouffard. On se demande si là, on ne va pas produire plus dans le léger, puisque ce sont les agneaux lourds qui nous coûtent beaucoup plus cher. » Le couple dit quand même arriver à tirer son épingle du jeu, en raison des prix forts de l’agneau sur le marché, mais également parce qu’il possède des terres pour la culture de maïs et de soya qui sert à l’alimentation de leur bétail. « Pour ceux qui ont un élevage sans sols, c’est certain qu’il y a un bout de mathématique à faire », signale M. Beaudry.
Selon l’agroéconomiste Anthony Lévesque, l’option de revoir le menu de l’alimentation des bêtes pour réduire les coûts de production n’est peut-être pas la meilleure solution pour traverser cette période. « Si tout le monde commence à exercer une pression sur la disponibilité de ces autres types de produits, on verra le même phénomène de hausse de prix pour ceux-ci, met en garde le conseiller. Selon lui, il vaut mieux revoir les coûts de production dans leur globalité, et non seulement ceux liés à l’alimentation, pour voir où il est possible de faire des économies.
Le veau, de son côté, n’a pas connu une hausse de sa valeur sur les marchés comme l’agneau ou le porc. La situation des producteurs de cette filière est très fragile, tel que le mentionnait à La Terre il y a quelques mois Fabien Fontaine, président-directeur général de Délimax, qui détient des entreprises d’élevage, d’abattage et de transformation de veau au Canada et aux États-Unis.