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L’appellation contrôlée du maïs de Neuville, instaurée en juin 2017 pour prévenir la fraude, a perdu une partie de ses producteurs. Trois sur les dix membres ont renoncé à renouveler leur certification.
Différentes raisons expliqueraient la situation, selon les producteurs qui font toujours partie de l’Association des producteurs de maïs sucré de Neuville. La paperasse, les tâches supplémentaires pour respecter le cahier de charge et le coût de la certification en sont quelques-unes. « Dans l’entreprise, c’est moi qui m’occupe de la paperasse, et je ne trouve pas ça si pire, confie Isabelle Béland de la Ferme Béland et Fille, située à Neuville dans la région de Québec, qui fait partie des sept producteurs ayant toujours la certification. Mais c’était aux yeux de mon père quelque chose de rebutant au point de ne pas renouveler la certification s’il avait eu à assumer seul cette tâche », illustre-t-elle.
Encore utile
Les sept producteurs restants n’ont toutefois pas l’intention d’abandonner le navire. « Nous sommes un noyau dur, formé par ceux qui ont travaillé pour instaurer l’indication géographique protégée (IGP) au début. Je crois qu’on est tous là pour rester », fait part Mme Béland. Une affirmation que confirme la productrice Janie Côté, de la Ferme Jean-Paul Côté et Fils. « Je me suis d’abord demandé ce qui arriverait si on n’était plus que trois ou même un producteur. En fait, une fois que l’IGP existe, c’est que sa pertinence est reconnue. Donc, tant qu’un producteur l’utilise, il a sa raison d’être. Parce que si le maïs de Neuville n’avait pas été si différent, personne n’aurait tenté d’usurper son nom pour en vendre », analyse-t-elle.
Benoît Gaudreau, de la Ferme Les saveurs d’Alice, se souvient d’ailleurs du jour où tout a commencé. « C’est à cause de moi qu’on a ça [ l’IGP]. J’avais vu un kiosque de maïs sucré de Neuville alors qu’il n’y en avait même pas encore de sorti à Neuville [des maïs]. J’étais allé voir le gars au kiosque pour lui demander d’où venait son produit, et il m’avait répondu qu’il ne le savait pas. Que c’était son boss qui lui avait dit de dire que ça venait de Neuville parce que ça se vendait mieux. À partir de ce jour, on a travaillé pour protéger la qualité du maïs que l’on produisait. C’est un outil de protection tant pour nous, les producteurs, que les consommateurs », continue de croire M. Gaudreau.
Depuis, plusieurs kiosques qui affichaient du maïs de Neuville ont disparu. Et les producteurs considèrent que leur volume de ventes plus élevé, en raison de la rareté du produit qu’ils ont pu créer, permet de compenser le coût de la certification et le travail supplémentaire qu’ils doivent accomplir.
De leur côté, les producteurs qui n’ont pas renouvelé leur certification pourront continuer de vendre leur maïs sucré. « Mais ils doivent faire très attention à leur affichage, spécifie Mme Béland. Ils peuvent par exemple écrire ‘‘maïs sucré’’, mais sans faire référence à l’appellation contrôlée ‘‘maïs de Neuville’’. Ces producteurs doivent suivre la même règle s’ils vendent à des grossistes », ajoute-t-elle.