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À l’approche de la retraite, Yves Gagnon, de Saint-Prime au Saguenay–Lac-Saint-Jean, caresse le rêve de vivre de la production de champignons de spécialité en champignonnière avec sa conjointe, Annick Ouellette. Le prix élevé des terres néanmoins a été un obstacle majeur pour le démarrage de leurs activités.
Finalement, un ami agriculteur leur a donné l’espoir d’atteindre leur objectif en leur prêtant une parcelle de terrain pour effectuer leurs tests. « C’est un ami d’enfance. On ne savait pas où aller. Pendant deux ans, on s’est cherché une terre, mais la location et l’achat, ça revenait beaucoup trop cher, raconte M. Gagnon, âgé de 55 ans.
Finalement, j’ai approché Sylvain [Martel] en lui disant qu’on se cherchait une place et il nous a dit qu’on pouvait prendre une partie de son terrain », poursuit-il. Sylvain Martel, producteur laitier à Saint-Prime, a été conseiller municipal pendant plusieurs années et savait que le couple pourrait obtenir les autorisations requises pour effectuer leurs tests sur sa terre. « Je leur laisse 200-300 pieds qui n’étaient pas cultivables de toute façon. Ils ont mis en place de petites installations là. En échange, ils m’aident un peu pour différents travaux », témoigne celui qui a également promis de donner une génisse à un jeune couple de la relève qui envisage de démarrer une ferme laitière. « C’est tellement important la relève. Quand je peux aider, ça me fait vraiment plaisir », assure M. Martel.
Trois ans de tests
Depuis les trois dernières années, Yves Gagnon et Annick Ouellette effectuent des tests pour produire leurs propres semences et leurs champignons. Pour ce faire, il leur a fallu mettre en place de petites infrastructures leur servant de laboratoire et de champignonnière. « On en vend pour l’instant à des amis et à des gens du coin. Ils nous disent que nos champignons sont bons; je sens qu’il y a un marché pour ça ici.
Éventuellement, ce qu’on veut, c’est en vendre par exemple dans les marchés publics de la région et d’en vivre. Ce serait notre job de retraite », exprime Yves Gagnon, qui travaille actuellement comme chauffeur de taxi. Sa conjointe et lui ont commencé à s’intéresser à la culture des champignons de spécialité il y a plusieurs années. Ils ont d’abord suivi un cours au collégial pour la cueillette en forêt et des formations pour la culture en champignonnière. « C’est beaucoup d’essais pour trouver la bonne ligne de conduite. C’est une culture difficile et capricieuse, mais on a bon espoir d’y arriver », mentionne le futur producteur.
Les erreurs à éviter Selon François Huart, ancien producteur de champignons de spécialité qui œuvre aujourd’hui à titre de consultant et de formateur, pour démarrer une telle entreprise, il faut d’abord éviter la « sous-capitalisation ». « C’est une pensée magique de croire que ça ne coûtera rien. Pour démarrer une petite ferme, ça prend environ 500 000 $. C’est la même chose pour une production de champignons de spécialité », croit-il. Il note également l’importance de bien définir son marché avant de se lancer. « Dans certaines régions, ce sera plus dur d’aller chercher une clientèle curieuse de se procurer un produit de niche comme celui-là, mais avec la vague d’achat local, il peut y avoir une ouverture pour ça. » Dans un secteur touristique, offrir ce genre de produit à la ferme, dit-il à titre d’exemple, peut être gagnant. Certains producteurs, par ailleurs, mixent la vente de champignons à celles d’autres légumes qui intéressent une clientèle épicurienne similaire. Mathieu Beaudry, producteur en Montérégie, offre d’ailleurs des asperges en kiosque qu’il accompagne de champignons. « Ma principale culture, c’est l’asperge. Quand mes clients voient mes champignons, ils ont envie d’en acheter », dit-il. François Huart souligne qu’il existe un risque de développer des allergies aux champignons à long terme si les producteurs en cultivent à l’intérieur sans porter de masque. « Les problèmes de contamination arrivent vite. Il faut acquérir le savoir-faire adéquat », prévient-il. |