Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Au mois de juillet, dans la période des déménagements, c’est toujours la même rengaine : bon nombre de chats abandonnés trouvent refuge dans les fermes.
« Si les gens pensent faire une bonne action en abandonnant les chats à la ferme, ils font erreur », affirme d’emblée Mélanie Sicard, productrice laitière de Saint-Stanislas-de-Kostka, en Montérégie. En plus de causer des maux de tête aux agriculteurs, cette croyance erronée qui veut que les chats domestiqués trouvent un refuge douillet dans l’étable met la vie de ces quadrupèdes abandonnés en danger. C’est plutôt un monde hostile, où règne une hiérarchie féline, qui les attend. « Le taux de survie d’un chat dans une ferme est quand même faible. Surtout s’il y a déjà une colonie de chats en place, l’intégration est difficile. Les chats défendent leur territoire », explique Marie-Lou Provost, copropriétaire d’une ferme laitière et de grandes cultures à Saint-Dominique, en Montérégie.
Un trop-plein de chats
Plus de 25 chats vivent actuellement à sa ferme. « C’est beaucoup trop. Au moins la moitié sont les bébés de deux chattes abandonnées chez nous », déplore l’agricultrice. « En nombre raisonnable, les chats sont utiles pour contrôler la vermine à la ferme. À condition qu’ils possèdent encore leurs réflexes de chasseur », fait-elle remarquer.
Ces abandons causent aussi d’importants problèmes de salubrité. Habitués aux litières, les chats domestiqués font leurs besoins dans le foin qui alimente le bétail. Sans compter les matous qui, en présence d’autres mâles, défendent leur territoire en urinant. Cette nourriture contaminée devient alors un vecteur de maladies.
Patrice Bégin, producteur laitier en Abitibi-Témiscamingue, a quant à lui déjà dénombré jusqu’à 35 chats dans son étable. Incapable de se résoudre à les amener au refuge, l’amoureux des animaux s’est adressé au conseil municipal. « La municipalité a publié un texte dans le journal local concernant le problème d’abandon des chats », affirme M. Bégin. Cette initiative de sensibilisation a porté ses fruits. « Depuis deux ans, c’est moins pire », se réjouit l’agriculteur, qui côtoie aujourd’hui huit félins au quotidien.
« Les gens pensent que les fermes sont des refuges gratuits pour animaux. Pourtant, il y a plein d’organismes qui vont les prendre, ces animaux-là. On dirait que les gens ont peur de se faire juger de les abandonner », analyse Mélanie Sicard. Résultat : ces félins retentissent à la ferme dépourvus de pedigree. « Est-il malade? Est-il dégriffé? Stérilisé? Que ce soit une vache ou un chat, je ne veux pas d’un animal dont je ne connais pas l’historique », souligne la productrice laitière.
S’ils veulent laisser un chat à la ferme, les gens devraient contacter les agriculteurs au préalable. « Les fermiers peuvent vouloir accueillir des animaux, si on prend la peine de les appeler », insiste Mme Sicard. La Société protectrice des animaux de Québec vient d’ailleurs de lancer un nouveau programme pour favoriser l’adoption de félins par les agriculteurs.
Depuis 2015, l’abandon d’animaux est puni par la loi. Les contrevenants sont passibles d’amendes de plusieurs milliers de dollars.
Marilynn Guay Racicot, collaboration spéciale