Régions 26 mai 2021

Pangea perd deux partenaires au Lac

Deux des trois partenaires de la société d’investissement Pangea au Lac-Saint-Jean ont quitté le navire, a appris La Terre. Le troisième partenaire est cependant toujours satisfait de sa relation d’affaires et veut même poursuivre sa croissance.

Les achats de terres au Lac-Saint-Jean, par la Banque Nationale d’abord et ensuite par la société d’investissement Pangea, ont suscité la grogne de plusieurs agriculteurs locaux et ont fait couler beaucoup d’encre depuis près d’une dizaine d’années.

Départ

À Métabetchouan–Lac-à-la-Croix, Patrice Garneau a décidé de mettre fin à son partenariat avec Pangea en 2020. En entrevue avec La Terre, il dit n’avoir rien à reprocher à la société d’investissement. Il se retire simplement pour se concentrer sur l’exploitation de sa ferme laitière, qui est plus rentable que la culture des céréales et qui a pris de l’ampleur, passant d’une production de 57 kg en 2014 à 150 kg aujourd’hui. « On a une belle entreprise dans la cour. On a décidé de se concentrer dessus. On aime mieux rester chez nous, avec les enfants, et avoir moins grand à couvrir », résume M. Garneau.

Le dernier partenaire d’affaires restant pour Pangea au Lac-Saint-Jean, Martin Brassard, en compagnie de sa famille et de ses employés. Photo : Gracieuseté de Martin Brassard
Le dernier partenaire d’affaires restant pour Pangea au Lac-Saint-Jean, Martin Brassard, en compagnie de sa famille et de ses employés. Photo : Gracieuseté de Martin Brassard

Ce dernier possède 283 hectares de terre. Pangea en détient pour sa part 570 dans son secteur. Une troisième compagnie, qui était détenue à 50 % par M. Garneau et à 50 % par Pangea, possédait la machinerie et louait les terres des deux actionnaires pour les cultiver. Les profits des activités de culture, le cas échéant, leur étaient redistribués. M. Garneau dirigeait cette entreprise. Elle a été dissoute avec son retrait. « On a séparé les tracteurs. Ce que je voulais, je l’ai gardé », précise-t-il. 

L’autre partenaire qui a laissé Pangea, c’est Jacquelin Drapeau, un agriculteur et homme d’affaires bien connu dans le secteur de Saint-Félicien. « On n’avait pas les mêmes visions de l’agriculture », s’est-il limité à dire, ajoutant que les achats groupés que préconisent Pangea (ex. les tracteurs d’une même marque) devenaient parfois un peu lourds à gérer.

Plusieurs des terres qu’il cultivait pour Pangea ont été relouées à d’autres producteurs.

En croissance

Le dernier partenaire de Pangea au Lac-Saint-Jean, Martin Brassard, affirme que les affaires vont bien. Il est même en croissance. « J’ai 800 hectares à moi et j’en achète chaque année. Jamais Pangea ne m’a dit quoi faire et jamais elle ne m’impose d’acheter une terre. C’est plutôt eux autres qui me brake! » partage M. Brassard.

Les producteurs du Lac-Saint-Jean ont vu des investisseurs et même des agriculteurs d’ailleurs au Québec venir acheter des terres dans leur région en vue d’en tirer profit. Le succès n’est toutefois pas toujours au rendez-vous et certaines terres sont laissées en friche. Photo : Martin Ménard/Archives TCN
Les producteurs du Lac-Saint-Jean ont vu des investisseurs et même des agriculteurs d’ailleurs au Québec venir acheter des terres dans leur région en vue d’en tirer profit. Le succès n’est toutefois pas toujours au rendez-vous et certaines terres sont laissées en friche. Photo : Martin Ménard/Archives TCN

Le producteur remarque que beaucoup de terres sont encore à vendre dans sa région du Lac-Saint-Jean. « Le problème, c’est que les petites fermes lâchent et qu’il n’y a plus de jeunes dans les rangs. Beaucoup de personnes veulent nous louer ou vendre leurs terres. Il y a encore des opportunités et ce n’est pas nous qui courons après », décrit-il.

Plusieurs accusent Pangea de s’accaparer des terres et de contribuer à créer une surenchère du prix des terres, ce à quoi Martin Brassard répond : « Je ne veux pas pointer du doigt des productions, mais il y a beaucoup plus de fermes de poulets et de vaches laitières qui ont avalé des terres en misant plus haut que les autres et que Pangea. Et on a parfois tendance à l’oublier, mais il y a des terres que nous avons achetées et que nous avons améliorées qui ne seraient même pas cultivées si nous ne les avions pas prises », assure-t-il.

M. Brassard souligne fièrement que son entreprise donne de l’ouvrage à temps plein à une quinzaine de personnes. La rentabilité des cultures de céréales au Lac-Saint-Jean est mince, soutient-il. « Ce qui fait qu’on est rentables, c’est qu’on n’arrête pas : 40% de mon chiffre d’affaires, c’est le transport de grains, le nivellement et le drainage à forfait. On a développé l’expertise dans le nivellement et on offre nos services aux producteurs tout le tour du Lac », insiste le producteur.