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Des producteurs québécois s’inquiètent des prix « dérisoires » qu’ils obtiennent pour leurs tomates en serre vendues aux détaillants alimentaires depuis plus de six semaines. Dominique Fortier, serricultrice à Saint-Damase en Montérégie, dit obtenir moins d’un dollar la livre pour certaines variétés, alors qu’elle vise normalement 1,50 $.
« C’est toujours un peu comme ça au mois d’avril avec les importations de tomates qui rentrent, par exemple du Mexique. Ça fait baisser les prix, parce qu’on se retrouve avec des surplus de tomates, constate-t-elle. Ce qui est inquiétant cette année, c’est que ça perdure dans le temps. Je vends certaines tomates en dessous du coût de production depuis presque deux mois. Ça fait mal », ajoute la propriétaire d’Excel-Serres. La situation est la même du côté de Maxime Desjardins, serriculteur à Notre-Dame-du-Laus dans les Laurentides, qui s’est vu contraint de vendre 450 caisses de 15 livres de tomates à 6 $ la caisse dans les dernières semaines à des détaillants de Montréal. « Sinon, je les perdais, soutient-il. J’en ai vendu à 13 $ la caisse aussi dans des épiceries de ma région, mais normalement ça vaut entre 22 et 25 $ », assure-t-il.
Le marché nord-américain au ralenti
L’agroéconomiste Sébastien Brossard confirme que le marché nord-américain est actuellement au ralenti pour ce produit. La récolte de tomates au Mexique et en Floride, détaille-t-il, a été très abondante cette saison, mais la demande ne suit pas l’offre, ce qui crée une congestion partout. Dans les épiceries du Québec, les tomates importées, surtout de l’Ontario, se vendaient encore à des prix largement en dessous de la normale la semaine dernière, fait remarquer l’expert. « J’ai vu des tomates de l’Ontario à 7 $ la caisse de 15 livres. Normalement, ça se vend à plus du double. » Les prix offerts aux producteurs du Québec, dit-il, suivent la tendance. « Ce qui me préoccupe, c’est que j’anticipais un raffermissement du marché pour le début du mois de mai, mais selon ce que j’observe en ce moment, ça ne semble pas se concrétiser », souligne M. Brossard.
Le directeur général des Producteurs en serre du Québec Claude Laniel s’inquiétait il y a quelques semaines du « prix déloyal » des tomates importées du Mexique dans les épiceries du Québec. « C’est un peu tôt pour dire que c’est vraiment pire que d’habitude, mais c’est une période stressante, a-t-il toutefois nuancé. Il faut se rappeler que les prix l’an dernier ont été particulièrement bons pour les serriculteurs du Québec, mais que dans les dix dernières années, ils ont toujours été plutôt bas à ce temps-ci. Reste à voir si cette tendance se prolonge vraiment de façon significative, cette année. »
Vendues quatre fois moins cher à Montréal L’agroéconomiste Sébastien Brossard a constaté avec stupéfaction que les tomates Beef rouges de l’Ontario se sont vendues environ quatre fois plus cher dans les marchés grossistes de Toronto que dans ceux de Montréal au cours des dernières semaines. Une caisse de 15 livres s’est vendue en moyenne à 29 $ tout le mois d’avril à Toronto, tandis qu’elle se vendait à 7,50 $ à Montréal. Pourtant, souligne-t-il, il est moins coûteux de transporter ce produit cultivé en Ontario vers Toronto que vers Montréal. « Celle-là, j’avoue que je ne la comprends pas. Il y a vraiment quelque chose de bizarre qui se passe sur le marché », s’étonne l’expert qui continuera d’analyser la situation dans les prochaines semaines. |