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La grève des employés de l’usine d’Olymel à Vallée-Jonction jette une tuile de plus sur la tête des éleveurs de porcs, pour qui le soleil semblait poindre à l’horizon.
« On pensait qu’on pourrait enfin en profiter un peu. Les intrants sont plus chers, mais le prix du porc est à un sommet. On aurait pu faire un petit profit. Pas si gros, mais un petit, et avoir enfin notre part du gâteau, mais cette grève nous force encore à manger notre gâteau sec », réagit Gaétan Cyr, copropriétaire du Groupe Porcité, de Saint-Elzéar dans Chaudière-Appalaches.
Les porcs en attente commencent à se faire plus nombreux dans ses bâtiments. « Pendant la COVID, on a dépassé les 1 000 porcs en attente et on avait pu redescendre à un niveau presque normal. Là, depuis le début de la grève, on est remonté à 500 et ça augmente de semaine en semaine, soutient l’entrepreneur, qui gère huit bâtiments d’engraissement, trois pouponnières et une maternité porcine. Cette situation se répercute partout dans nos élevages », dit-il.
Du côté de Sainte-Marie, toujours dans Chaudière-Appalaches, le producteur Mathieu Bisson ne ressent pas encore les effets de la fermeture de l’abattoir de Vallée-Jonction, mais il appréhende des répercussions prochaines. « Mon premier transport a été retardé d’une semaine, mais jusqu’ici, les porcs ont pu être détournés vers les abattoirs de Yamachiche et de Princeville. Les gens chez Olymel se montrent très compréhensifs », rapporte-t-il.
Par ailleurs, il est déçu que cette grève arrive à un moment où les producteurs auraient pu « se refaire » pour les cinq dernières années, qui ont été plus difficiles. « Le contexte était parfait : avec des prix élevés et le problème des porcs en attente qui était presque résorbé après les vagues de COVID. Mais ce ne sera pas encore notre tour. On s’enligne pour une autre année d’ASRA [assurance stabilisation des revenus agricoles] », regrette-t-il.
Le président des Éleveurs de porcs du Québec, David Duval, salue pour sa part la résilience des éleveurs, « dont le moral a été mis à rude épreuve depuis le début de la pandémie », souligne-t-il dans un échange courriel avec La Terre. « Sous plusieurs aspects, certains éleveurs sont passés d’une perspective de rentabilité à une perspective de perte. Bien que le nombre de porcs en attente ait été baissé considérablement dans les dernières semaines, tout reste très fragile », indique-t-il.
La grève se poursuit Au moment de mettre le journal sous presse, le 7 mai, les négociations entre le syndicat des travailleurs de l’usine d’Olymel de Vallée-Jonction et les dirigeants d’Olymel étaient toujours en cours. Le syndicat réclame de meilleurs salaires pour les 1 050 employés de l’usine, alors que la partie patronale juge que ces demandes ne sont pas recevables. « L’usine de Vallée-Jonction [bénéficie] déjà d’une rémunération de 18 % plus élevée que celle de nos concurrents », soutient Richard Vigneault, responsable des communications chez Olymel. Dans un communiqué publié le 5 mai, le syndicat reproche quant à lui aux dirigeants de diffuser des informations trompeuses. « L’employeur devra comprendre que pour retenir son monde, il doit bonifier les conditions de travail. En 15 ans, nos taux horaires ont simplement augmenté d’un peu plus d’un dollar, ce qui nous a appauvris chaque année durant cette période », a indiqué Martin Maurice, président du syndicat des travailleurs d’Olymel de Vallée-Jonction-CSN. Le conciliateur a convoqué les deux parties à une deuxième rencontre le 18 mai. |