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La cour de la scierie de Billy Villemure, à Shawinigan-Sud en Mauricie, est impressionnante. On y voit d’immenses troncs de peupliers faisant 170 cm de diamètre. Un peu plus loin apparaissent deux billots provenant d’érables argentés format géant, sans oublier les quelque 1 000 tranches d’arbres hors normes empilées ici et là. C’est que Billy se passionne pour le commerce des tranches d’arbres, communément appelé des slabs ou du live edge.
Il s’agit de couper des planches ayant la pleine largeur de l’arbre, en conservant l’écorce ou non, afin de créer des bancs, des tables, des comptoirs de cuisine, etc. Certains clients recherchent des morceaux excessivement larges pour créer une table avec une seule planche, par exemple. Il faut alors des arbres gigantesques. « Ce sont principalement des arbres de ville, qui ont été abattus par des émondeurs pour différentes raisons. Au lieu de finir en bois de chauffage ou au dépotoir, on fait honneur à ces arbres en leur donnant une deuxième vie », souligne M. Villemure.
Le commerce des tranches d’arbres est florissant et lucratif. Le prix d’une tranche se détaille entre 100 $ à 450 $ en moyenne. Dans son inventaire se trouvent des pièces haut de gamme, comme des tranches de noyer noir faisant 160 cm de large d’une valeur de 2 000 $ chacune. « Ce noyer vient des États-Unis. Je l’ai payé cher, mais je voulais essayer de le revendre moi-même en tranches. Ce sont des morceaux très rares », dit-il.
Une tronçonneuse de 182 cm
Les arbres de 60 cm et moins sont coupés en tranches avec la scie à ruban de sa scierie. Mais quand Billy reçoit un géant, il doit sortir sa tronçonneuse munie de l’une des plus longues lames offertes sur le marché, soit d’une longueur de 180 cm (six pieds). Cette scie est fixée sur un guide qui permet de scier l’arbre tranche par tranche. « Quand on coupe, il y a toujours des surprises. J’ai déjà vu des peupliers avec un grain de bois ondé. C’était vraiment très beau. Sur un autre arbre, les lignes du bois formaient le dessin d’une tête de taureau », se remémore-t-il, ajoutant qu’il trouve souvent des objets à l’intérieur de l’arbre. « Ces arbres-là ont du vécu. Ce n’est pas rare qu’il y ait du métal enfoui, comme des balles de fusil, des clous et du fil électrique. J’ai même déjà trouvé une tête de hache à l’intérieur du bois de l’arbre. J’imagine que le manche avait brisé et le bûcheron avait mis la tête de la hache entre deux branches; c’est resté là. L’arbre a poussé autour et la hache a disparu dans le bois », présume-t-il.
La confection des tranches d’arbre représente « bien du taponnage », reconnaît toutefois Billy. « Il faut trouver les billots, et juste les manipuler et les couper, c’est long. Ensuite, on prend des photos de chaque [tranche] avec ses dimensions et je mets ça sur mon site Web le soir. Et quand le client vient, c’est long; il peut passer 30 à 60 minutes à les examiner avant de faire son choix. Ce n’est pas comme vendre des 2 X 6 », décrit-il.
Respect
Son commerce de tranches d’arbres est très satisfaisant. Il reçoit des clients de partout au Québec. Aussi, pour Billy, travailler avec des arbres hors normes impose un respect particulier. « C’est impressionnant! Parfois, je les prends en photo juste pour le souvenir. Et j’aime ça compter l’âge des plus gros. J’ai eu un chêne blanc de 260 ans. Il en a vu passer du monde », commente avec contemplation le propriétaire de Scierie et services forestier Billy Villemure.
Les tranches d’arbre, une mode? À ses débuts, Billy Villemure s’était fait dire que le commerce des tranches d’arbre serait éphémère et qu’il resterait coincé avec son inventaire. « Mais ça fait six ans et j’en vends encore autant », fait-il remarquer. La demande a connu un boom et demeure encore légèrement en hausse, surtout en cette année de pandémie pendant laquelle les gens ont davantage de temps pour se bricoler eux-mêmes un meuble en tranche d’arbre, atteste-t-il. Optimiste envers l’avenir, Billy investit cette année dans un séchoir et construira un grand bâtiment où il pourra entreposer ses tranches d’arbre au sec, une stratégie qui lui permettra de répondre à la demande des clients pressés. Bois et yoga À La Présentation, près de Saint-Hyacinthe, Jean-Claude Phaneuf dirige avec son frère la scierie familiale, qui existe depuis 1955. Il constate lui aussi un engouement pour les tranches d’arbre. « Ça fait dix ans qu’on a de la demande. C’est populaire. J’ai des clients qui en achètent en quantité industrielle. J’en vends même pour les centres de hot yoga. Les bancs, les tablettes et même les murs au complet; ils font toute leur décoration en tranches d’arbre. L’une de leurs bâtisses est assez haute et ils m’ont demandé des morceaux de 18 pieds de long pour faire les murs jusqu’au plafond », raconte M. Phaneuf. |