Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Enterococcus cecorum est une dangereuse bactérie qui affecte principalement les poulets de chair. Elle est d’autant plus nocive que nous ne pouvons savoir comment elle survient, donc nous pouvons difficilement la prévenir. Quand elle entre dans un troupeau, elle peut faire de sérieux ravages.
Les premiers cas d’infection à Enterococcus cecorum sont apparus au Québec vers 2010, rapporte la Dre Martine Boulianne, de la Chaire en recherche avicole de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal (FMV).
« Enterococcus cecorum était connue comme étant une bactérie commensale, c’est-à-dire qu’elle n’était pas pathogène, soit susceptible de causer une maladie, mais on ne sait pas par quel concours de circonstances elle est devenue pathogène chez les poulets de chair et les reproducteurs », explique la spécialiste du dossier.
L’os comme cible
Selon la Dre Boulianne, Enterococcus cecorum habite l’intestin de l’oiseau avant de passer dans le sang pour éventuellement affecter certains os. On observe, dit-elle, une infection (ostéomyélite) d’une vertèbre de la colonne vertébrale de l’animal et des os longs comme le tibia. En termes simples, la bactérie crée des abcès qui provoquent une déformation de la vertèbre et une pression sur la moelle épinière pour en venir à paralyser le poulet. « L’un des premiers signes de la maladie est que l’oiseau s’écrase au sol », résume la médecin vétérinaire.
Le plus inquiétant, à son avis, c’est qu’on ne sait pas vraiment d’où provient la maladie et qu’elle arrive souvent en même temps que d’autres problèmes de santé dans le troupeau ou la présence d’autres virus. « Comme on ne connaît pas la cause, on parle d’un problème multifonctionnel », ajoute la Dre Boulianne.
Quand Enterococcus cecorum est présent dans une ferme, les vétérinaires vont généralement intervenir à plusieurs niveaux. « On pourra administrer des antibiotiques de façon préventive, mais il faut absolument travailler sur de nombreux aspects tels la qualité de l’eau, le démarrage des poussins, la vitesse de croissance et la prévention d’autres maladies par la vaccination », précise la vétérinaire.
La boiterie
Comme il est presque impossible de prévoir l’apparition de la maladie, le premier symptôme à observer est la boiterie de l’animal, selon la Dre Boulianne. L’oiseau doit être retiré du troupeau et il est préférable de l’euthanasier. Bien que le problème soit de nature infectieuse, on ne sait toujours pas comment la bactérie se transmet d’un oiseau à un autre. Est-ce que ce serait par les fientes? « Quand un poulet est infecté, le risque est grand d’en avoir plusieurs autres qui le soient aussi, mais on ne sait pas d’où ça vient, soutient la spécialiste. De plus, lorsque la maladie apparaît dans un troupeau, on la verra réapparaître dans des lots subséquents et même dans les autres poulaillers de la même ferme. »
Le problème est à considérer avec sérieux, affirme Martine Boulianne, puisque le nombre de cas rapportés au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec a triplé entre 2018 et 2020, passant de 100 cas diagnostiqués à près de 300.